Un nouvel ordre maghrébin se dessine et l'Algérie risque de le subir si elle n'anticipe pas. Les images qui inondent le Web depuis 48h, montrant un manifestant marocain qui arrache le drapeau du mât du consulat d'Algérie à Casablanca a provoqué de la colère et ses conséquences risquent d'être très graves pour toute l'Afrique du Nord. Ce précédent perçu par la rue algérienne comme une ignominie en cette journée historique du 1er Novembre fera date. Désormais, une nouvelle page vient de s'ouvrir maintenant que le Maroc a achevé l'UMA après avoir gelé unilatéralement les activités de cet ensembles depuis 1994. Le grave incident de Casablanca est un marqueur de la fin d'une époque et du début d'une autre plus incertaine. Allons-nous vers l'émergence d'un nouvel ordre maghrébin? Si l'Algérie n'anticipe pas, elle risque de subir. L'enlisement du projet de Grand Maghreb ouvre ainsi, la voie à d'autres acteurs décidés à peser sur les équilibres stratégiques du théâtre maghrébin. La géostratégie a horreur du vide et l'exacerbation de la crise entre Alger et Rabat place les pays du Maghreb dans une situation de non-acteurs. Pour les puissances occidentales, il y a donc un terrain à prendre. Ce terrain est l'espace maghrébin qui, à terme risque de devenir le théâtre d'une guerre féroce que livrent déjà les puissants de ce monde dont la première manche se décline dans le conflit en Syrie. Cette crise est en effet, révélatrice de la guerre entre l'Amérique et le reste du monde, «la bagarre multipolaire». D'une part, les Etats-Unis qui veulent préserver leur statut de leadership mondial, de moteur de la transformation de la planète à leur image et de l'autre, les puissances qui s'opposent à l'unilatéralisme américain et qui oeuvrent à l'émergence d'un monde multipolaire. Ce bloc est constitué par la Chine, la Russie, l'Inde, et accessoirement l'Iran. Alors que les Maghrébins se chamaillent entre eux, s'enlisent dans leurs propres ego, les puissants régulent leurs propres agendas et ils bâtissent des projections géopolitiques dans la région. Il y a quelques jours, le think tank américain The Washington Institute for Near East Policy a suggéré à l'administration Obama de nommer une envoyé spécial au Sahel qui se chargera également de la région de l'Afrique du Nord. Car face au foyer d'insécurité au Sahel, la stabilité et la sécurité des pays du Maghreb est sérieusement menacée et il n'est plus possible de poser la problématique du Maghreb en l'isolant du Sahel. L'existence d'un ensemble maghrébin économiquement et politiquement structuré et fort, aurait pu combler un vide stratégique abyssal. De par son poids, il inciterait la communauté internationale à une plus grande responsabilité dans cette zone en instabilité sécuritaire. Ce qui est loin d'être le cas à présent. Sachant que la reconfiguration des rapports de puissance et des sphères d'influence ne s'est jamais faite historiquement dans la paix et la sérénité. De nouveaux ensembles se constituent, des anciens se fragmentent, de nouveaux acteurs émergent, d'autres disparaissent. Des logiques sont à l'oeuvre et il convient d'en saisir toute la substance et la portée. Allah yastar...