Au-delà de son aspect esthétique qui fait sa qualité et son viatique intellectuel, comme nous le savons, le rôle de la littérature est d'autant plus nécessaire car elle permet de s'ouvrir sur le monde d'élever nos âmes en nourrissant l'esprit, de s'instruire et pourquoi pas de s'éduquer. L'Afrique connue pour ses multiples maux est débattue, décortiquée depuis vendredi dernier à l'espace Esprit Panaf à la 18e édition du Salon international du livre d' Alger, des maux mais à travers des mots parfois réconfortants mais souvent désobéissants qui comme la littérature qui se veut subversive est là pour mettre le doigt sur ce qui va mal dans nos sociétés, et dans le continent noir, chez nous quoi... Tout d'abord, la situation de la femme qui n'est pas reluisante de ce côté-ci bien que tout est relatif lorsqu'on le compare avec le monde occidental européen. La femme donc, dans la littérature a été judicieusement abordée jeudi dernier par Badiadji Horretowdo, écrivain du Cameroun en présentant Walaandé, l'art de partager un mari, de Djaïli Amadou Amal du même pays. La femme au centre de la littérature mais aussi du texte théâtral, notamment ceux de Randa El-Kolli, enseignante au département de traduction de l'Université de Sétif et auteure de théâtre qui, après s'être essayée à la poésie, s'est attaqué à la mise en scène en jouant même dans ses pièces, entretenant ainsi un rapport quasi fusionnel entre ses mots et les personnages qu'elle habite naturellement. Après avoir présenté son recueil Comme une carpe, théâtre, (Editions Apic) composé de trois pièces de théâtre dont l'élément central est la femme et la place mouvementée qu'elle occupe dans la société, place à Denis Labayle, écrivain romancier, essayiste et médecin engagé qui abordera devant une assistance fort nombreuse et toute attentive, son nouveau roman Noirs en blanc, Editions Apic. Ou comment Zola Méké, jeune Africain issu d'une famille démunie, est-il devenu chirurgien à Paris? Pour faire ses études, Zola, adolescent, est obligé de s'exiler. D'abord à Cuba, puis en Russie et en France. Une ascension sociale terriblement coûteuse: déchirement familial, petits boulots pour survivre, racisme, tiraillement entre l'attrait d'une vie «moderne» et l'emprise de la culture originelle. Mais ce roman est aussi une histoire forte d'amour et d'amitié entre quatre jeunes aux destins divergents. Une aventure humaine où les personnages de rencontre abondent: un idéaliste égaré, une singulière mère adoptive, un curieux chirurgien russe adepte du silence... Le tout narré d'une plume alerte où l'humour s'invite souvent. Noirs en blanc est une fiction inspirée des témoignages de médecins étrangers travaillant dans nos hôpitaux. Il évoque en somme la fuite des cerveaux d'Afrique. Un drame partagé par tous, d'où ces différents témoignages appuyés de la part des médecins présents lors de ce débat, prouvant ainsi les propos de Denis Labayle à savoir: «Il y a un lien entre votre désordre et le nôtre. C'est un problème mondial dont la société doit prendre conscience. D'où le besoin d'une volonté politique mais il n'est pas inextricable. Un diagnostic cruel certes que nous établissons mais le mouvement n'est pas dans un seul sens. Cela peut changer...».