Que ce soit jeudi à Mostaganem et Oran, ou hier à Tiaret, Tissemsilt et Annaba, le candidat Benflis ne passe manifestement pas inaperçu. Après un périple essentiellement concentré à l'ouest du pays, le candidat du FLN a préféré clôturer son week-end de campagne à l'Est. Dans l'après-midi d'hier, Annaba a été euphorique et le théâtre où Benflis a tenu son meeting refoulait du monde. Des milliers de personnes scandaient à tue-tête «Benflis président». Les quelques personnes, environ 200, venues «perturber» la rencontre ont été littéralement englouties par la marée humaine. C'est l'ex-championne du monde du 1500 m qui a pris la parole relayée ensuite par l'ex-médiateur de la République, Abdeslam Habbachi. «Ça fait cinq ans qu'on a enlevé la parole, il est temps aujourd'hui de reconquérir le droit d'expression», a-t-il déclaré avant de céder la parole au candidat du FLN sous un tonnerre d'applaudissements. A l'extérieur du théâtre régional, le monde affluait encore jusqu'à occuper l'esplanade en face du théâtre et réduire ainsi «les perturbateurs» en peau de chagrin. Auparavant, il était à l'ouest du pays. Il a animé des meetings à Mostaganem, Oran et Tissemsilt. Dans cette dernière wilaya la situation a failli dégénérer. Une centaine de jeunes ont tenté de s'attaquer au cortège de Benflis à la fin de la rencontre organisée au niveau de la salle de sports du chef-lieu de wilaya. Les mêmes procédés que ceux employés à Relizane, Aflou et à Berrouaghia. Les perturbateurs brandissant des portraits de Bouteflika, ayant infiltré la foule avec des enfants en vacances scolaires, se rassemblent le long de l'itinéraire du cortège jusqu'à l'obturer complètement sous le regard passif des services d'ordre. Une fois le meeting terminé, ils s'attaquent au cortège avec toutes sortes d'objets, d'insultes et de coups de pied. Pour les journalistes présents hier, à Tissemsilt, la conclusion est toute simple : «Le relâchement des services de sécurité a été tout simplement et dangereusement voulu». Cette certitude ressort d'un autre fait tout aussi simple : à Mostaganem, les services de sécurité ont fait preuve d'une organisation parfaite en tout point de vue. Aucun incident aussi minime soit-il n'a été enregistré dans l'un des fiefs mêmes du mouvement de redressement et le meeting a été organisé dans un quartier populaire Tidjedite. «Ou on est policier ou on ne l'est pas. Nous sommes dans une République et il est de notre devoir en tant que service de sécurité d'assurer le calme et la sécurité à tous les candidats qui viennent ici», a déclaré un commissaire de police visiblement satisfait, à Mostaganem, en face du Palais du sport où Benflis a tenu son meeting. Sitôt contredit par un militant qui déplore le fait que «des bus ont été refoulés aux portes de la ville». Le commissaire affirme «qu'aucun bus n'a été refoulé» avouant, par ailleurs, que ses agents ont procédé à la fouille de citoyens pour «éviter toute intrusion d'arme blanche ou objet dangereux à l'intérieur de la salle». Devant un millier de personnes, à Mostaganem, Benflis, a expliqué les grandes lignes de son programme, non sans faire une «halte» à propos du dossier FLN. «Quand un ministère de souveraineté est transformé en laboratoire de déstabilisation des partis politiques, quand le ministère de l'Intérieur s'ingère dans les affaires internes des partis, cela s'appelle un détournement de pouvoir», a-t-il déclaré, avant de proposer dans son programme une loi à même de protéger les cadres et fonctionnaires du service public, car pour lui, «il n'y a pas de pérennité de l'Etat sans la protection du service public». Le deuxième meeting organisé par Benflis ce jeudi à l'Ouest, s'est déroulé à Oran. Quelques jours avant l'arrivée de Benflis à Oran, au moins sept personnalités soutenant le président-candidat se sont succédé dans la capitale de l'Ouest pour y animer des meetings ou sensibiliser les populations. Khaled Bounedjma, Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem, Saïd Barkat, Abdelmalek Sellal, Tayeb Louh, Chérif Abbas ainsi que des membres proches de la famille de M.Bouteflika. Intervenant avant Benflis, l'ancien chef de gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali a appelé les citoyens d'Oran à aller voter massivement «car, dit-il, c'est une occasion historique pour le peuple algérien de choisir ses vrais représentants» affirmant que le problème de l'Algérie depuis l'indépendance tient au fait que «les gouvernements qui se sont succédé, y compris le mien, n'ont jamais été les vrais représentants du peuple». Dans son intervention, Benflis a promis, en plus des réalisations économiques et de l'ouverture démocratique au sens large, de faire une révolution au niveau de l'habitat à Oran. Le dernier meeting animé à l'ouest du pays, hier, s'est déroulé à Tiaret à la salle des Sports Abdelmalek-Belarbi. Sans incidents et dans une ambiance de fête, le candidat du FLN a consacré une large partie de son discours aux handicapés, aux retraités et aux éléments de la sûreté nationale. «Je prends à témoin les handicapés que si le peuple m'accorde sa confiance le 8 avril, la loi qui les concerne sera promulguée et leurs conditions seront améliorées», a-t-il déclaré pour les premiers. «Il faut que notre régime connaisse des réformes nécessaires pour revaloriser la pension», a-t-il promis pour les seconds et de s'engager pour les autres : «De grandes réformes sont nécessaires dans le corps de la sûreté nationale, je m'engage à améliorer leur condition sociale et à encourager la spécialisation, la formation et l'expression syndicale libre dans ce corps».