L'attaque contre le consulat d'Algérie à Casablanca n'est que le maillon d'un plan élaboré entre le proche entourage du roi et les chefs des services spéciaux marocains C'est un vrai prurit politique qui est en train de ronger depuis quelques jours tout le Royaume du Maroc. Les va-t- en-guerre redoublent de férocité depuis 48 heures. Ils s'attaquent à travers leurs médias et leurs partis politiques à l'Algérie, comme s'il s'agissait d'un ennemi héréditaire. Les raisons? Cette montée en escalade à laquelle assiste l'opinion internationale trouve sa raison d'être dans l'enjeu diplomatique que représente d'abord, la prochaine visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry, dans la région. L'agenda du roi accorde une «priorité sacrée» à ce que le Makhzen appelle dans son jargon expansionniste, l'intégrité territoriale marocaine, s'étendant de Rabat à El Ayoun occupée. L'épisode de l'attaque contre le consulat d'Algérie à Casablanca n'est que le maillon d'un plan élaboré entre le proche entourage du roi et les chefs des services spéciaux marocains. De tous les sujets qui seront abordés au cours de cette rencontre maroco-américaine, le roi Mohammed VI veut avoir la certitude que celui du Sahara occidental se verra couronné par un soutien sans faille de l'allié traditionnel américain. Pour cela, il fallait d'abord montrer à la délégation du département d'Etat que l'ensemble des forces vives sont, dans cette bataille, derrière leur monarque. Les craintes de Rabat étaient de plus en plus alimentées par le fait que les Etats-Unis avaient opéré depuis quelques mois une révision de leur position sur la question du Sahara occidental. L'opinion américaine n'a pas caché son rejet face aux nombreuses atteintes des droits de l'homme de cet allié encombrant qu'elle comptait en Afrique du Nord. Les Marocains sortent le grand jeu. De la «diplomatie du Tadjine» on est passé allégrement à la «diplomatie de l'esbroufe» tendant à affirmer toute la victimisation du peuple marocain par son voisin algérien qui selon eux continue de déstabiliser le Royaume. Le discours de Bouteflika prononcé à Abuja n'a été que le prétexte pour allumer la mèche d'une crise algéro-marocaine qui s'est caractérisée depuis 50 ans par une violence et une haine sans précédent contre 40 millions d'Algériens. L'atteinte portée à l'emblème national reste une insulte à jamais gravée dans la mémoire collective de notre peuple, d'autant plus qu'elle s'est produite le jour même de la célébration du 59e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne. Le roi Mohammed VI rêve ainsi de convaincre son hôte John Kerry que la République algérienne de Bouteflika était un «Etat voyou». Ce qui pourrait ainsi lui faciliter la tâche à l'avenir de se substituer à l'influence que notre pays exerce dans la région par son rôle de leadership. C'est en jouant le rôle de «pleurnichards» que les Marocains espèrent arracher aux Américains une assistance stratégique accrue pour rétablir les rapports de force militaire en leur défaveur face à l'Algérie, qu'ils veulent faire passer comme voisin aux visées bellicistes. Autrement dit, Rabat veut recevoir plus de moyens militaires et de soutien diplomatique américains dans les instances internationales. Le Maroc mise désormais sur l'Afrique. Depuis quelques mois, il déploie une intense activité pour reconquérir le terrain perdu au cours de ces 30 dernières années qui ont vu la majorité des capitales africaines accorder leur soutien à la Rasd. En 2013, le roi a compris qu'il a commencé à perdre pied pour faire valoir ses thèses éculées sur la marocanité du Sahara. Les difficultés rencontrées par le Royaume sur le plan économique et social, sont une bombe à retardement pour le roi, tant que la frontière orientale avec l'Algérie demeure fermée malgré toutes les pressions qu'il a voulu exercer sur notre pays à travers ses appels et par l'entremise de ses soutiens étrangers dont la France. Ce climat d'agitation qui gagne les douars les plus reculés du Royaume ne cessera qu'après le départ du Maroc de l'envoyé spécial américain. Ils veulent ainsi jouer leur va-tout avec l'espoir d'en finir avec les déboires que leur crée selon eux, leur voisin algérien. D'ailleurs, le roi, l'a amplement démontré en se déplaçant récemment à Bamako pour signifier clairement aux yeux des observateurs étrangers qu'il va falloir compter à l'avenir, dans la gestion du dossier du Sahel, sur le Maroc. L'idée même de laisser le leadership de la région à l'Algérie, l'horripile. C'est ainsi qu'il veut marquer son territoire.