Les Marocains affirment que c'est un acte isolé, mais l'explication ne convainc pas les Algériens. Il n'est plus question de laisser passer un dérapage pareil. Il faut laver l'affront et Alger ne jure que par des excuses officielles et publiques de la part du Royaume chérifien. L'incident a été grave et très mal perçu par la rue algérienne. Vendredi 1er Novembre, jour symbolique pour la nation algérienne, sous le regard amusé de la police marocaine, un manifestant a escaladé le mur du consulat avant d'arracher- en toute quiétude- le drapeau algérien. Ayant très mal vécu le grave incident, Alger maintient la pression sur Rabat. Dès la reprise de ses fonction après avoir été rappelé par son pays, l'ambassadeur du Maroc à Alger a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères pour fournir des explications, notamment sur les derniers incidents qui ont ciblé le consulat d'Algérie à Casablanca. Il a été rappelé à l'ambassadeur que l'Algérie n'accorde pas de crédit à la thèse de l'«incident isolé» et encore moins au «fait divers», et ce, sur la base d'une analyse rigoureuse des éléments visuels de preuve entourant le double forfait perpétré par un individu faisant partie d'un groupe de manifestants hostiles à l'Algérie et à ses hauts responsables. Dans ce contexte, les autorités algériennes demandent à être associées, selon une forme appropriée et conformément à la pratique internationale, à l'enquête pour déterminer les faits et s'assurer que les suites appropriées ont été engagées à la suite de cet incident particulièrement grave. Il a été également fait observer à l'ambassadeur Belkaziz que les autorités marocaines ont, en vertu de l'article 31 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires, l'obligation spéciale de prendre les mesures nécessaires pour protéger les locaux consulaires et empêcher qu'ils ne soient envahis et que la paix du poste consulaire ne soit troublée, ou sa dignité amoindrie. Le ministère des Affaires étrangères, qui souligne toute la responsabilité du gouvernement marocain dans la création du climat de tension et d'escalade qui prévaut actuellement, réaffirme la nécessité d'une prise de position claire et sans équivoque de sa part quant à l'impératif du respect des symboles de l'Etat algérien en toutes circonstances. C'est la réponse du berger à la bergère. Seules des excuses officielles peuvent laver un pareil affront, une telle ignominie de la part d'un pays considéré comme frère. Les Marocains affirment que c'est un acte isolé. Mais la couleuvre est grosse pour accepter un pareil argument et de ce fait, l'explication ne convainc pas les Algériens. Les images qui circulaient sur le Web montraient bien des policiers qui encadraient ces «manifestants» de circonstance. «Les éléments de preuve, examinés par des experts algériens ne donnent pas de crédit à la thèse de l'acte isolé et nous attendons des explications circonstanciées qui ont été exigées de la partie marocaine», a déclaré, samedi 2 novembre, Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. L'Algérie redoute même de nouvelles actions contre ses représentations au Maroc. De son côté, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a affirmé, hier à Mostaganem, que la violation du consulat général d'Algérie à Casablanca était «une grave atteinte aux usages du droit international». Au cours d'une conférence de presse organisée en marge de la cérémonie d'installation du nouveau wali de Mostaganem, le ministre a déclaré que cette violation était «une grave atteinte à un symbole sacré pour tous les Algériens, en l'occurrence l'emblème national, arraché et profané». M.Belaïz a émis le voeu que «l'enquête annoncée par le Maroc révèle qu'il s'agit d'un acte isolé et qu'il n'existe aucune implication de près ou de loin des autorités marocaines et que le jeune impliqué assume ses responsabilités» et «c'est alors que les choses reprendront leur cours normal», a-t-il ajouté.