L'Iran et les grandes puissances se retrouvent demain pour négocier les termes d'un accord sur le programme nucléaire contesté de Téhéran malgré un manque de confiance et d'optimisme sur une résolution rapide de la crise. Cette séance, qui doit durer deux jours, entre les représentants du groupe des 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) et l'équipe de négociateurs iraniens, est la seconde depuis l'élection du président Hassan Rohani, qui souhaite conclure au plus vite un accord et obtenir la levée des sanctions économiques. Les Occidentaux et Israël sont déterminés à stopper le programme iranien d'enrichissement d'uranium, soupçonné d'être destiné à fabriquer une arme atomique, ce que nie Téhéran qui revendique son droit au nucléaire civil. Les précédentes discussions, à la mi-octobre à Genève, avaient été qualifiées de «substantielles». L'Iran avait alors proposé une feuille de route pour dénouer la crise et accepté le principe d'inspections surprises de ses sites nucléaires. Les négociateurs iraniens avaient également rencontré leurs homologues américains, une première depuis 2009 alors que les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis plus de 30 ans. Le plan iranien, que les deux parties veulent garder confidentiel, propose une première et une dernière phase, que Téhéran espère voir aboutir respectivement en trois mois et un an. A Genève, l'Iran et le 5+1 se sont accordés sur un «cadre de négociation», a déclaré lundi le principal négociateur iranien, Abbas Araghchi. «Nous voulons maintenant commencer les discussions sur le contenu afin d'aller vers un accord», a-t-il dit à l'agence Isna. «Toute initiative qui ne comprend pas une levée des sanctions n'est pas acceptable» pour l'Iran, a-t-il toutefois souligné, selon la télévision iranienne. Malgré l'atmosphère positive des premières discussions qui tranchait avec le ton adopté par la précédente équipe iranienne, les négociations restent difficiles et empreintes de méfiance mutuelle. Le président Rohani s'est dit lundi «pas optimiste» sur l'issue des négociations, tout en voulant «garder espoir» de résoudre les problèmes provoqués par les sanctions. Le Département d'Etat américain a pour sa part admis que les négociations étaient «dures» et qu'il y avait «une profonde histoire de méfiance» entre les Etats-Unis et l'Iran. A l'issue des premières discussions genevoises, un haut diplomate occidental avait également écarté la possibilité d'un dénouement rapide. «Les différences restent très importantes concernant ce que ces phases devraient inclure», avait-il dit sous couvert d'anomymat. Dans un entretien dimanche à la Chaîne-10 israélienne, la négociatrice américaine Wendy Sherman a affirmé que Washington était prêt à offrir «une levée des sanctions très limitée, temporaire et réversible» tout en maintenant «l'architecture fondamentale des sanctions bancaires et pétrolières, dont nous aurons besoin pour un accord global». Selon Ali Vaez, un analyste de l'International Crisis Group, il reste beaucoup de chemin à faire pour résoudre une crise relancée en 2005, alors que les deux camps doivent compter avec une opposition interne. «Le 5+1 a, pour la première fois, accepté de définir les contours d'un accord, mais s'accorder sur les détails sera révolutionnaire et demandera beaucoup de discussions avec l'Iran et au sein du 5+1 ́ ́, a-t-il dit. A Téhéran, l'équipe de négociation menée par le chef de la diplomatie Mohammed Javad Zarif est sous la pression de l'aile dure du régime, opposée à toute concession sur l'enrichissement d'uranium qu'elle considère comme un droit. Les négociateurs ont toutefois reçu dimanche le soutien du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur les dossiers stratégiques. «Personne ne devrait affaiblir les négociateurs qui ont une mission difficile», a-t-il affirmé, se disant lui aussi «pas optimiste» sur les discussions.