Des propositions et une nécessité de la continuité «L'Afrique par le livre: éditer ensemble» est le thème de la première partie de l'ultime séance à l'espace Esprit Panaf au Sila 2013 qui clôturera en beauté une semaine de rencontres riches en échanges et débats fructueux. «La continuité, c'est l'esprit que doit véhiculer cet espace qui propose des auteurs de différentes langues d'ailleurs, étant donné que l'Afrique colonisée a hérité de ces langues», dira Karim des éditions Apic, responsable de cet espace qui évoquera la belle expérience des éditions maliennes Tombouctou qui viennent de publier un livre imprimé en Algérie et publié même en Tunisie. Un auteur qui va être traduit en langue arabe. Premier exemple concret de cette collaboration panafricaine. D'ailleurs, les éditions Tombouctou qui ont lancé un prix littéraire ont déjà auréolé Eugène Ebodé auteur camerounais, lequel a été aussi édité par Apic. Evoquant son association Ifrilivre, l'éditrice togolaise Yasmin Issaka-Coubageat (Graines pensées) souligne que l'objectif de son association est de donner de la visibilité aux éditeurs subsahariens francophones, de rendre leur production accessible partout. «Car on n'était pas visible, il fallait qu'on mutalise notre savoir-faire pour pallier aux problèmes de formation. Cela a commencé en 2008. On réfléchit à la diffusion du livre. L'idée est qu'on ait aussi de la visibilité dans le Nord, la France, la Belgique etc. La coédition permettrait en effet de faire circuler les livres à moindre coût.» Abordant cette fois sa maison d'édition, l'oratrice dira mettre m'accent sur la jeunesse, le conte et la poésie. «Le livre étant un patrimoine dépositaire d'un pays.» Elle confie avoir déjà traduit un livre de Sami Tchak, un auteur déjà édité rappelons-le chez Apic. «J'étais là pendant le Festival panafricain. Quand on est éditeur, on s'inscrit dans l'idée de la coédition, partager le savoir, faire voyager le livre. L'Institut français nous permet d'acheter les droits de nos auteurs de la diaspora qu'on édite chez nous donc et à des tarifs abordables. Il s'agit à la fois de nous ancrer dans notre culture et de s'ouvrir sur le monde.» Elle citera, pour ce faire, le nom de Driss Chraïbi. Pour Ibrahima Aya des éditions Tombouctou qui a commencé par publier des nouvelles dans un quotidien avant de passer à l'édition à proprement parler, l'idée était de «parler aux Maliens en y apportant une parole qui vient du Mali». Et de souligner: «Aujourd'hui, le livre qu'on produit au Mali doit tenir la route partout. (...) C'est important cette démarche qu'on a avec Apic. On peut proposer de la lecture de qualité à partir de l'Algérie.» Et Karim Cheikh de lancer cette proposition: «Pourquoi ne pas créer un prix panafricain?» se demande-t-on aussi. Et de rajouter: «Créer, éditer ensemble, bien véhiculer l'idée de cet espace Esprit Panaf ne peut continuer à fonctionner s'il n'évolue pas avec les ambitions des Algériens et vos ambitions...» Evoquant le problème de la traduction, entre autres, Karim Cheikh souligne: «On parle des classiques africains, est-ce que tous les pays africains connaissent ces classiques? Et de confier: «Cette dernière rencontre, on l'a voulue professionnelle. On a eu une réunion avec des maisons d'édition, peut-être que l'idée serait d'appeler à la création d'une union des éditeurs africains ou panafricains, l'essentiel est qu'on soit d'accord, même si on est un petit noyau. Certainement, l'idée va prendre son petit bonhomme de chemin à travers d'autres pays et peut-être se réalisera une véritable union des éditeurs africains dans les cinq ou dix prochaines années. L'essentiel c'est de commencer..» Et Ibrahima de faire remarquer: «Ce que je ressens, c'est que nous avons un besoin commun, au regard de ces entraves, il y a la nécessité de mettre en place un tas de réflexions et de concertations pour identifier ces entraves et rechercher des solutions communes.» Pour Jean-Claude Naba des éditions Fondateur et directeur général de la maison d'édition Sankofa & Gurli: «La crainte, c'est que nous nous laissions enfermer dans une logique représentée par l'Esprit Panaf. Il y a des textes en écritures adjami de langues africaines, mais écrits en caractères arabes qu'il faudra forcément explorer...» Beaucoup de réflexions ont émané lors de cette ultime rencontre qui a réuni l'ensemble des participants. C'est ainsi que celle qui s'est achevée par ces propositions concrètes que l'on tâchera de suivre de près. A côté le public continuait à affluer à la Safex qui ne désemplissait pas jusqu'à 19h. Un salon bien achalandé et fréquenté par les Algériens des petits aux plus grands, aux plus érudits, à la femme au foyer ou sans instruction qui, accompagnant ses enfants, vient se détendre pour écouter Hamid Achouri débiter ses sketchs ou s'abreuver aux restos d'à côté, si la soif du livre s'avère au bout du compte secondaire. Une autre forme de culture populaire ou populsite celle-là. Mais ceci est une autre paire de manches...