Sur la vingtaine d'inculpés, trois s'en sont sortis. Le reste? Brrrr! Au tribunal de Sidi M'hamed à Alger où se trouve aussi le siège du pôle judiciaire pour l'Algérois, les mines étaient défaites. Sur tous les inculpés, seuls trois avaient été relaxés au grand bonheur de leurs avocats. Le reste a écopé de lourdes peines de trois à sept ans d'emprisonnement ferme pour association de malfaiteurs et dilapidation de fonds publics, deux graves délits redoutés par les avocats convaincus de l'innocence de leurs clients. Sitôt le verdict connu, plusieurs avocats ont regretté que la présidente ait jugé en plein centre des termes du rude arrêt de renvoi et une audience marathon comme seule Saloua Makhloufi sait en mener. Amer, le défenseur d'un agent de sécurité ne comprend pas la peine infligée qui ne concorde pas avec les seuls faits. Déçue, une autre avocate de l'ouest d'Alger rumine son ire et sa déception d'avoir fait confiance à la magistrate du siège qui s'était trop dépensée pour des faits ridicules à part quelques cas flagrants et dont la sentence est méritée. Maître Soufiane Chalal, l'avocat de Hussein Dey, n'arrive pas à avaler l'amère pilule se basant sur un déni de justice flagrant qui n'honore nullement notre justice. Il martèle, bouc en avant et ce regard profond, tout en tirant sur sa seche électronique fraîchement acquise: «Je suis franchement déçu et outré après ce verdict scandaleux pour ce qui est de mon client qui a écopé de 5 ans ferme. O.K, nous allons vers l'appel et là-bas au Ruisseau nous expliquerons au trio de magistrats du pôle judiciaire qui feront mieux que Makhloufi qui a tout de même usé ses méninges. «Le tribunal a condamné mon client sur la base de simples suppositions car si pour le flagrant délit, il n'y a rien à dire, en revanche, sur la participation de l'inculpé à la pseudo association de malfaiteurs ou à la dilapidation (si les deux chefs d'inculpation peuvent être avérés) ou même à la facilitation de l'accomplissement de ces actes, il n'existe pas l'ombre d'une preuve à son encontre. Ce qui le lie à ce dossier, ce sont les déclarations arrachées sous la contrainte du principal inculpé qui s'est d'ailleurs rétracté à la barre. Bref! C'est le fameux concept dit de la «présomption de culpabilité innocence qui s'installe petit à petit comme un nouveau principe effaçant du coup la sacrée présomption d'innocence». Puis, Maître Chalal de terminer sur une haute appréciation autour du «flagrant délit» qui n'existe pas du seul fait qu'il se trouvait absent car en récupération et c'est facilement aisé de le démontrer sur les carnets intérieurs du Caroubier». Ce qui est certain, c'est que le client de l'avocat de la rue Parnet a écopé de la même peine que celle infligée aux autres agents de Naftal. D'un autre côté, Maître Tahar Kheyar, lui, bombait le torse car son client a été le premier à avoir bénéficié de la relaxe avec deux autres codétenus. «La justice me dégoûte lorsque les juges travaillent sur les seuls procès-verbaux des éléments de la police judiciaire et omettent de se pencher sur ce qui a été dit, redit, répété à la barre, loin de toutes pressions et contraintes...», siffle le membre du conseil de l'Ordre, un véritable phénomène de société qui a l'énergie de jouer deux parties de foot et de courir au tribunal plaider un dossier, le tout, une douche hâtive au milieu... En tout cas, l'état des familles des condamnés était tout simplement indescriptible. Des larmes, aux pleurs en passant par des sanglots, avaient donné une image hideuse en ce deuxième jour de Moharam 1435 (6 novembre 2013) pour les proches des condamnés. Seuls les trois relaxés ne pouvaient contenir leur joie, celle des retrouvailles en famille, avec les copains, les voisins et même les collègues qui les ont toujours soutenus. Restent ceux qui ont été lourdement condamnés et qui n'ont eu de cesse de crier depuis le box des accusés et à la barre et même en quittant la salle d'audience, leur innocence. L'appel a aussi été interjeté par Mohammed Touidjini, le procureur qui a estimé que les demandes du parquet n'ont pas été suivies dans leur intégralité (10 ans!). Ce qui promet un beau procès avec des défenseurs qui viendront attaquer, attaquer, attaquer jusqu'à épuisement, car drôlement convaincus de l'innocence de leurs mandants. Amine! rendez-vous chez Amar Benkharchi!!!