Parce qu'un inculpé dans le dossier «Naftal» est venu vider le mandat d'arrêt, le report est annoncé. Le dossier «Naftal» semble s'éterniser car la juge a été contrainte de reporter le procès, il y avait un mandat d'arrêt à vider. Ce qui n'a pa plu aux accusés, leurs proches et certains avocats. A 9h40, Saloua Derbouchi, la juge, entre dans la salle d'audience, à deux mètres de Mohamed Touidjini, le procureur général, qui était visiblement en forme ce mercredi, avant qu'il n'apprenne le renvoi... Une quarantaine d'avocats se trouvaient dans la salle. On y remarquait outre Maître Mohamed Nouri, Maître Farid Benbelkacem, Maître Linda Djellal, Maître Messaoud Nouasria, Maître Tahar Kheyar, Maître Sofiane Chalal, Maître Hamza Khamis, Maître Naziha Selmi, Maître Boubakeur Far, Maître Kamel Hemdani, Maître Lynda Lakhlef, Maître Nacéra Bouali Hettak, Maître Yassamine Younsi drôlement motivée et prête à l'assaut... Ajoutez les proches venus en force, remontés à bloc contre les journalistes qui ont pris la résolution d'écrire de larges passages sur les faits alors que les accusés n'ont même pas été entendus. Et sous la houlette du membre du conseil de l'Ordre, Maître Tahar Kheyar révolté par cette atteinte à la déontologie au point que les proches avaient carrément interpellé les jeunes journalistes qui ont reçu des quolibets pas jolis à entendre. Bis encore, les jeunes rédacteurs, surtout, ceux de la presse arabophone ont cru bon de répondre oralement alors qu'un journaliste n'est pas un troubadour mais un écrivain; on vous fait grâce de la pagaille qui a suivi le début de l'évacuation de la salle par les «armoires à glace» de la Dgsn, qui n'ont même pas attendu le retrait de Saloua Derbouchi qui venait de prononcer, au grand dam des dix-huit détenus, le renvoi du dossier Naftal au 23 octobre 2013, i-e après les fêtes de l'Aïd El Adha 1434, ce qui signifie que parmi la masse des accusés il se peut qu'il y ait des innocents, donc acquittés et ayant été injustement incarcérés avec tout le chapelet d'humiliations. Mais un parquetier au parfum sait mieux que tout autre que le manège déclenché depuis longtemps entrait, selon les accusés dans le chapitre: «Pertes et profits.» L'ordonnance de renvoi parle de constitution d'association de malfaiteurs, de vol de carburant en bandes organisées, dilapidation, détournements et abus de fonction, la loi 06-01 article 29, les articles 176 177 du Code pénal et 125 de la loi 06-01. A propos, où étaient passés les responsables de Naftal entre-temps? Y avait-il des contrôles réguliers? Ce juge d'instruction a décortiqué le dossier, mettant sur un plateau d'argent le boulot à réaliser avec une défense vigilante où les avocats de valeur vont pouvoir s'éclater et prouver à Derbouchi qu'elle n'est pas une magistrate du siège faite pour avaler des couleuvres. «Quel rapport a un agent de sécurité jeune, plein de vie qui fait son boulot avec conscience avec un responsable...responsable et conscient de tout ce qu'il entreprend? C'est ce à quoi je m'accrocherai à faire entendre à la présidente», confie une avocate qui ne tient pas en place et agacée par ce troisième renvoi! Innocents, donc acquittés! Un avocat, avec ses vingt-huit ans de barre derrière lui, trouve ces reports franchement tuants surtout lorsque le magistrat du siège est un «fan» des éléments de la police judiciaire et donc va droit sur le mur en condamnant tout ceux qui sont en face. Pour Maître Sofiane Chalal qui ne partage pas cet avis, Derbouchi est une juge du siège d'une autre trempe: «Ce n'est pas n'importe qui. Elle a le respect du port de la robe noire. Elle respecte aussi toutes les parties, y compris les enquêteurs mais en ayant un oeil sur ce qui se passe devant elle sachant pertinemment que le juge doit prendre surtout en compte le déroulement des débats: des débats, sereins, justes, bien menés ou chacun doit avoir son dû.» Maître Kheyar, lui, fâché par certains écrits ces jours-ci, refuse un quelconque pronostic craignant une mauvaise interprétation de ses déclarations: «Je vous donne rendez-vous à la barre le 23!» lance-t-il avant de plier bagage pour Hussein-Dey. Voilà grosso-modo ce qui s'est passé mercredi où une grosse perte de temps a vu votre service se diriger vers une autre juridiction en quête de perles à jeter au palais... Heureusement pour la vie de cet espace!
