«A chaque fois que Bouteflika visite votre wilaya, il reprend toutes ses forces. Je sais que vous avez un appel fort à lui faire aujourd'hui», a-t-il lancé à l'adresse de l'assistance. Après son fameux «Bouteflika ne partira pas», le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est revenu à la charge pour annoncer d'une manière à peine voilée, la candidature du chef de l'Etat à un quatrième mandat à l'occasion de la prochaine élection présidentielle. Il ne l'a pas prononcé, mais il l'a fait dire à l'assistance dans la salle qui a abrité, hier, sa rencontre avec les représentants de la société civile de la wilaya de Khenchela où il était en visite de travail et d'inspection. M.Sellal ne pourrait en effet s'attendre à un autre message que celui appelant Bouteflika à un quatrième mandat. D'ailleurs, dès qu'il a terminé sa phrase, une voix fuse de la salle: «Quatrième mandat!». A deux mois de la convocation du corps électoral et après l'annonce faite par le secrétaire général du FLN, endossée par les parlementaires et des mouhafedhs du parti, en attendant le comité central, il faut s'attendre à la multiplication des appels à la candidature de Bouteflika pour briguer un autre mandat. Pour habiller son allocution, le Premier ministre n'a pas tari d'éloges à l'adresse du président qui est, selon lui, l'artisan de la paix en Algérie après la tragédie nationale. «Nous sommes tous redevables à l'homme qui a fait revenir la paix et la sécurité et qui a préservé la stabilité et l'unité nationale. Il est nécessaire de ne pas oublier que Bouteflika a tout fait pour que le pays soit là où il est aujourd'hui», a-t-il indiqué. Il ajoute que «sans un dirigeant à la hauteur», il serait difficile d'y arriver. M. Sellal qui a déjà annoncé la présentation du bilan des trois mandats présidentiels (1999-2014) au début de 2014 a souligné que l'Algérie a réussi dans plusieurs domaines, sous la conduite du chef de l'Etat. Il cite la réduction du taux de chômage ramené à 10% après avoir été estimé à 30% en 2000 et le remboursement de la dette extérieure. Il évoque aussi la stabilité dont jouit le pays. «Il est difficile de sauvegarder cette stabilité, mais il faut la préserver pour développer le pays», a-t-il expliqué. L'orateur qui a rappelé, à juste titre, qu'il était le directeur de campagne électorale de Bouteflika a tenté de mettre de la forme dans son discours, en précisant qu'il n'est pas là pour des besoins électoralistes. «On est pas venu pour faire la campagne électorale mais pour vous écouter», a-t-il lancé avant de se rattraper, quelques instants plus tard, en affirmant qu'il ne reste dans l'oued que ses pierres. «Nous sommes ses pierres», a-t-il assuré. Avant la rencontre avec les représentants de la société civile, le Premier ministre a inspecté plusieurs projets de développement local. Au département des sciences et technologies de l'Université Abbès Laghrour, M.Sellal et la délégation qui l'accompagnait ont vécu un mauvais quart d'heure. Des centaines d'étudiants, en colère, ont pris d'assaut ce département. En l'absence du service de l'ordre, les agents de la protection personnelle ont éprouvé du mal à le faire sortir du milieu de la foule qui l'a «encerclé». Les étudiants, portant des banderoles dénonçant la hogra et la marginalisation, ont défoncé la porte du département pour sortir derrière lui. Créant un climat d'anarchie, ces étudiants demandent à accéder au master. Selon eux, les enseignants ont observé une grève de plus d'un mois pour exiger le départ du recteur. Abdelmalek Sellal qui n'a pas caché sa colère en raison de cet incident «surprise» a écourté sa halte au niveau de l'Université de Khenchela.