«Pour l'élection présidentielle, nous allons présenter la candidature du Président» Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a entamé avant l'heure la campagne électorale pour un quatrième mandat consécutif du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. La rencontre régionale des cadres des wilayas du centre du pays qui s'est déroulée, hier à Blida, s'est transformée en véritable meeting électoral en faveur de ce mandat. Alors que l'assistance, nombreuse, commençait à quitter la salle omnisports du complexe Mustapha-Chaker, M.Saâdani élève la voix en sollicitant l'attention des présents: «Pour l'élection présidentielle d'avril 2014, nous allons présenter la candidature du président de notre part, Abdelaziz Bouteflika, pour un 4e mandat.» Applaudissement général dans la salle. L'orateur élève encore la voix pour expliquer ce choix qui, a-t-il dit, «s'impose de lui-même». Il cite deux raisons. D'abord le bilan. Si le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé qu'il présentera le bilan des trois mandats de Bouteflika au début de 2014, il semble que le secrétaire général du FLN n'a pas le temps d'attendre. Il s'impatiente et devance tout le monde. «Nous avons choisi Bouteflika car son bilan depuis son accession au pouvoir en 1999 est positif (il répète le mot par trois fois) dans tous les domaines: politique, économique, social, culturel et diplomatique», a-t-il argué, avant de s'étaler sur les réalisations de Bouteflika. M.Saâdani évoque la construction des autoroutes, des barrages, des chemins de fer, du métro, du tramway, etc. Il cite également la concorde civile et la réconciliation nationale, la levée de l'état d'urgence et la reconnaissance de tamazight comme langue nationale, la réhabilitation des personnalités historiques, etc. Amar Saâdani est allé jusqu'à affirmer que Nelson Mandela est arrivé à la tête de l'Afrique du Sud grâce à Bouteflika. La deuxième raison avancée par l'orateur et qui plaiderait en faveur de la candidature de Bouteflika à un autre mandat est liée à la Constitution. «La Constitution permet cette candidature», a-t-il rappelé. Dans ce discours qui s'apparente à l'annonce de la candidature de Bouteflika, Amar Saâdani a annoncé aussi la révision de la loi fondamentale «dans quelques mois». M.Saâdani dont le rôle prend de plus en plus d'envergure en raison de ses annonces et ses déclarations parfois surprenantes n'a, toutefois, pas précisé si la Constitution sera révisée avant ou après la présidentielle. Car, dans la théorie «dans quelques mois» signifie une période de plus de deux mois et moins d'une année. Et comme l'actuelle Constitution ne comporte aucun article qui peut barrer la route au 4e mandat, sa révision peut attendre après avril 2014. Si les annonces de Sellal et Saâdani écartent définitivement toute éventualité de prolongation du mandat de Bouteflika de deux ans, elles ouvrent grandes les portes à un autre mandat. Le secrétaire général du FLN a appelé les militants du parti à se mobiliser dans la perspective de l'échéance de 2014. Il évoque des alliances avec les partis et les organisations de la société civile qui partagent les mêmes idées que l'ex-parti unique. Amar Saâdani ne manque pas de rappeler les points forts de son programme immédiat, tous liés, à la prochaine présidentielle. La redynamisation des instances du parti (kasmas et mouhafadhas), l'unité des rangs et la modernisation de sa formation y figurent en bonne place. «Le parti ne doit pas demeurer cet appareil figé géré par des bureaucrates à partir du siège central et qui sont loin des militants et de la base. Il nous faut du renouveau. Le parti doit s'ouvrir sur les citoyens et sur le monde», a-t-il lancé. 8-Mai 1945 : combien de victimes ? Amar Saâdani l'a déclaré à Sétif, il y a quelques semaines : les événements du 8 Mai 1945 ont fait 80.000 morts, ce qui a suscité des interrogations et des critiques de la presse. Hier à Blida, il est revenu à la charge pour répondre à la presse et réitérer ses propos. Alors que même l'école publique fait apprendre aux élèves que ces événements ont fait 45.000 victimes, le SG du FLN soutient tout le contraire et affirme que 80.000 morts y sont tombés. « Ce n'est pas par ignorance de l'histoire du Mouvement national que j'ai dit cela », s'est-il défendu. Il explique qu'au lendemain des événements, le PPA a parlé de 45.000 morts alors que l'Association des Ouléma algériens en a enregistré 80.000. « Le FLN ne peut pas s'interdire de se référer à cette source fiable », a-t-il argué. Les déclarations de Saâdani laissent supposer que le PPA n'était pas crédible. Pourquoi l'école fait-elle donc l'impasse sur ce chiffre ?