Les chefs des délégations occidentale et iranienne, Catherine Ashton et Mohammed Javad Zarif à Genève Les négociations à Genève sur le programme nucléaire de l'Iran sont entrées hier dans une phase «très difficile», soulignent négociateurs occidentaux et iraniens, de profondes divergences demeurant sur plusieurs points. «Les négociations sont entrées dans une phase très difficile et les négociateurs iraniens insistent sur les droits de notre pays et nous ne sommes pas prêts à accepter un accord qui porte atteinte aux droits et intérêts de l'Iran», a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif. «Nous nous opposerons à toute demande excessive» a dit. M.Zarif, évoquant un des principaux points de contentieux entre les deux parties. «Elles restent des négociations très difficiles. Il est important de souligner que nous ne sommes pas là parce que les choses sont terminées», a pour sa part souligné le chef de la diplomatie britannique William Hague avant de s'engager immédiatement dans des discussions avec ses homologues français et allemand. On soulignait de source diplomatique européenne la communauté de vues entre Britanniques, Allemands et Français. M.Hague s'est retrouvé avec le Français Laurent Fabius et l'Allemand Guido Westerwelle pour faire le point sur l'état de cette négociation engagée depuis mercredi à Genève entre l'Iran et les 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne). «Nous ne conclurons un accord, les six pays concernés, que si nous pensons que c'est un accord vraiment utile qui traite des problèmes soulevés par le programme nucléaire iranien», a prévenu M.Hague. Renvoyant à l'historique de cette confrontation depuis plus de dix ans entre l'Iran et la communauté internationale, le diplomate britannique a rappelé: «on se souvient de l'histoire, à quel point ce programme a été caché et a défié les accords internationaux». «Il est très important que l'accord soit (...) détaillé et global» et «que le monde entier puisse avoir confiance dans le fait qu'il va marcher et qu'il sera respecté», a poursuivi William Hague. Même tonalité pour Guido Westerwelle. «Il y a une chance réaliste (de parvenir à un accord) mais il y a encore beaucoup de travail», a déclaré à son arrivée le chef de la diplomatie allemande. M.Zarif a estimé lui aussi qu'il était «trop tôt» pour juger des résultats des négociations, alors que sont présents à Genève les ministres des Affaires étrangères du groupe 5+1. Les diplomates du groupe 5+1 négocient pied à pied depuis mercredi un accord d'étape de six mois pour limiter le programme nucléaire iranien controversé en échange d'un allègement de sanctions. L'Iran insiste sur le maintien de son programme d'enrichissement d'uranium et la poursuite des travaux pour la construction du réacteur à eau lourde d'Arak, destiné à des fins médicales et de recherche, mais qui pourrait produire à terme du plutonium utilisable à des fins militaires. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, peu de temps après son arrivée, s'est entretenu hier avec la négociatrice mandatée par les grandes puissances, la diplomate en chef de l'Union européenne Catherine Ashton. Il a ensuite rencontré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dont la fermeté n'avait pas permis un accord lors du précédent cycle le 9 novembre. A son arrivée, M.Fabius a répété qu'il souhaitait «un accord solide» et qu'il était venu «pour y travailler». M.Kerry s'est ensuite entretenu avec son homologue russe. Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, qui a rencontré à Genève vendredi soir le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammed Javad Zarif, a souligné que «pour la première fois depuis de nombreuses années, le (groupe) 5+1 avait une vraie chance d'arriver à un accord» dans des propos rapportés hier par son ministère.