Les chefs des diplomaties européenne, Catherine Ashton, et iranienne, Mohamed Javad Zartif, chefs des négociations sur le nucléaire iranien Après trois jours de négociations à Genève, l'Iran et six puissances mondiales se sont quittés hier sans accord se donnant rendez-vous le 20 novembre. Téhéran réitère qu'il ne renoncerait pas à ses droits nucléaires. La réunion de Genève, portée par de grands espoirs après l'élection du nouveau président iranien, a cherché pendant ces intenses discussions un accord sur le programme nucléaire de l'Iran, officiellement purement civil, mais soupçonné d'avoir pour objectif l'accession à l'arme nucléaire. Les commentaires dans les derniers heures de la rencontre étaient plutôt optimistes. Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle estimait qu'on était «plus proches d'une solution raisonnable que nous ne l'avons été depuis des années», son homologue américain John Kerry saluait «les progrès accomplis», et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif, très investi dans la négociation, affirmait ne «pas être déçu» en dépit de l'absence d'accord. De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a estimé qu'un accord sur le nucléaire iranien «est sur la table et peut être conclu». «Il n'y a pas de doute, comme l'a dit (le secrétaire d'Etat américain) John Kerry pendant la nuit, que les points de vue entre les différentes parties sont plus proches qu'avant les discussions», a-t-il dit à la BBC. A l'issue de la rencontre, le chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton et M.Zarif ont annoncé qu'une nouvelle réunion était programmée le 20 novembre, réunion que la Suisse s'est dite dimanche prête à accueillir. Mais hier matin, le président iranien Hassan Rohani a souligné que son pays ne renoncerait pas à ses «droits nucléaires», y compris l'enrichissement d'uranium, ont rapporté les médias. «Il y a des lignes rouges qui ne doivent pas être franchies», a-t-il dit devant le Parlement. «Les droits de la nation iranienne et nos intérêts nationaux représentent une ligne rouge, de même que les droits nucléaires dans le cadre des régulations internationales, ce qui inclut l'enrichissement (d'uranium) sur le sol iranien». La reprise des négociations avec l'Iran, bloquées depuis des années, vise à capitaliser sur la politique d'ouverture du président Rohani vers l'Occident et les Etats-Unis amorcée depuis son élection en juin. Celui-ci semblait espérer mettre fin à dix ans de tension sur ce dossier nucléaire, avec l'objectif d'alléger puis d'obtenir la levée des sanctions qui étouffent l'économie de son pays. Mais les négociations ont buté sur les exigences de clarification de certains participants, en particulier la France, dans la rédaction d'un accord temporaire de six mois, première étape «vérifiable» vers un accord permanent. Des garanties étaient notamment demandées sur le sort du réacteur à eau lourde d'Arak, en construction pour être fonctionnel l'été 2014, et sur la fabrication de plutonium. Et surtout, l'Occident veut des garanties concernant les capacités d'enrichissement de l'uranium de l'Iran - son stock d'uranium enrichi à 20%, étape obligée pour passer ensuite rapidement à 90% pour usage militaire, le parc de 19.000 centrifugeuses et la fabrication d'une nouvelle génération de centrifugeuses cinq fois plus rapides. En échange d'un accord, l'Iran espère un allègement «limité et réversible» de certaines sanctions. «Les Etats-Unis sont déterminés à ce que l'Iran n'acquière pas d'armes nucléaires», a aussi souligné M.Kerry après les inquiétudes exprimées par Israël, qui met en garde contre un éventuel accord avec l'Iran qui ne permettrait pas de démanteler son programme nucléaire. Un ministre israélien a d'ailleurs annoncé dimanche que son pays allait faire campagne en ce sens auprès des parlementaires américains. L'atmosphère optimiste des pourparlers pourrait toutefois avoir un premier résultat concret. L'Aiea, dont le directeur général Yukiya Amano sera aujourd'hui à Téhéran, espère obtenir des concessions de l'Iran sur le programme de vérifications et de visites dans ses installations nucléaires, notamment la base militaire de Parchin.