L'ampleur de ces résultats semble avoir surpris tout le monde. Aussi, le ministre de l'Intérieur, à l'annonce des résultats, hier matin à l'hôtel El Aurassi, s'est-il montré peu loquace, se contentant de mettre en avant la « transparence et la régularité » de ce scrutin. Allant jusqu'à souligner que «ces résultats reflètent parfaitement aussi bien la tendance exprimée lors des dernières sénatoriales que l'engouement populaire qui avait accompagné les meetings de Bouteflika auxquels ont assisté plus de 1,2 million de citoyens». Ainsi donc, le taux de participation national, en attendant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, est de 58,01 %. Un chiffre jugé « appréciable » par un Zerhouni cachant mal sa jubilation, et faisant tout pour ne pas cacher son antipathie pour l'adversaire de Bouteflika, Benflis, qualifié de «second» régulièrement et dont le nom n'a été cité par lui qu'une seule fois. Le nombre de bulletins nuls est de 328.249, ce qui fait que les suffrages exprimés sont de 10.167.834. Sur ce nombre impressionnant, Bouteflika en a obtenu pas moins de 8 489 487 voix, ce qui lui donne un taux exceptionnel, et jamais vu sous le pluralisme politique algérien, de 83,49 %. Il est suivi respectivement par Ali BGenflis avec 7,93, Abdallah Djaballah avec 4,84 %, Saïd Sadi avec 1,93, Louisa Hanoune avec 1,16 % et, enfin Fawzi Rebaïne avec un petit 0,64 %, ce qui lui donne un nombre de voix n'égalant même pas le nombre de signatures qu'il avait récolté pour cautionner sa candidature. En termes de chiffres par wilaya, Bouteflika arrive bon premier dans pas moins de 46 ainsi que l'émigration. Cela, avec une très large majorité, y compris dans les fiefs de ses adversaires, tels que Batna où il a atteint 57,40 %, Jijel avec 73,83 % ou Skikda avec 79,83 %. Bouteflika se classe second à Mila avec seulement 9,22 % et troisième à Tizi-Ouzou avec 27,94 %. Son principal adversaire, Ali Benflis, est arrivé à se placer premier dans une seule wilaya, Mila en l'occurrence, avec un taux de 78,53 %. Dans les autres wilayas, il se classe soit second, soit troisième, avec des taux moyens oscillant entre 5 et 17 %, cela avec des pics de 28,79 et 30,53 % respectivement à Béjaïa et Biskra. Djaballah, Hanoune, et Rebaïne ne se classent premiers nulle part. Seul Sadi sauve l'honneur en décrochant le poste de leader dans son fief tizi-ouzéen avec un taux de 32,82%. Pour ce qui est des records, celui de Bouteflika se situe à Tissemsilt avec 95,47 %, celui de Benflis à Mila avec 78,53 %, Djaballah à Jijel avec 10,84 %, Sadi à Tizi comme annoncé plus haut, celui de Hanoune à Mila avec 9,04 % et, enfin, Rebaïne avec seulement 1,46 % à Mila toujours, une wilaya qui a surpris tout le monde avec des suffrages diamétralement opposés à tout ce qui s'est produit dans le reste du territoire national. Les scores les plus bas, quant à eux, sont de 9,22 % pour Bouteflika à Mila, 1,24 % pour Benflis à Aïn-Témouchent, 0,90 % pour Djaballah à Mila, 0,47 % pour Sadi à Tlemcen, 0,34 % pour Hanoune à El-Bayadh, et 0,43 % pour Rebaïne à Oran. Il est à relever, pour finir, que Louisa Hanoune, seule femme en lice, a été classée cinquième dans presque toutes les wilayas, hormis celles du Sud algérien, semble-t-il plus misogynes, qui lui ont préféré Rebaïne.