Le siège de la Banque d'Algérie Souvent, les banquiers qui subissent la colère des clients à cause de cette situation ne trouvent aucune explication convaincante à faire valoir. Il y a plus d'une année, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a déclaré, devant les députés de l'APN, que l'allocation touristique sera revue à la hausse. Les Algériens et les parlementaires avaient alors pris cette déclaration d'un officiel au sérieux. Or, un an plus tard, l'augmentation a été oubliée, suscitant les interrogations des députés. Lakhdar Benkhelaf, député du Front pour la justice et le développement (FJD) de la wilaya de Constantine, a adressé, ce 21 novembre, une question écrite au ministre des Finances, Karim Djoudi, sur les raisons du report de cette hausse tant attendue. Estimée actuellement à 140 euros dont bénéficie le voyageur à l'étranger à raison d'une fois par an, cette allocation insignifiante qui est restée inchangée depuis de longues années ne suffit pas pour passer fût-il une journée dans un pays européen. Souvent, les banquiers qui subissent la colère des clients à cause de cette situation ne trouvent aucune explication convaincante à faire valoir. Ils renvoient la balle dans le camp des pouvoirs publics qui n'ont pris, pour le moment, aucune mesure concrète pour combler cette grave défaillance qu'aucun expert financier ou bancaire n'arrive à justifier. Prenant l'exemple d'un citoyen qui aurait l'idée de passer une semaine de congé dans un pays de la zone euro: à quoi vont lui servir les 140 euros que la banque lui offre? L'Etat qui refuse de prendre des décisions dans ce sens ne pénalise pas seulement les citoyens; il encourage le marché parallèle de devises. Ce qui est très grave pour un Etat qui donne l'illusion de lutter contre le marché informel. Le marché informel du Port Square Saïd à Alger qui ouvre tous les jours au vu et au su de tout le monde est devenu un véritable lieu où le taux de change est fixé. Des millions d'euros y transitent quotidiennement. Mais pourquoi le gouvernement ne veut pas arrêter ces pratiques illégales et augmenter l'allocation touristique? Le député de Constantine estime, dans sa question au ministre des Finances, que deux raisons essentielles empêchent le gouvernement de franchir le pas. Il s'agit, selon lui, de l'incapacité du gouvernement à maîtriser la hausse de la facture d'importation qui pourrait atteindre 60 milliards de dollars cette année et de l'absence de mécanismes pour la maîtrise de la gestion de la devise. Mais d'abord, comment et sur quelles bases l'allocation touristique a été fixée? interroge Lakhdar Benkhelaf. La question relative à l'augmentation de cette allocation a fait l'objet de déclarations contradictoires entre les représentants de l'Etat. Le 12 mars 2013, le gouverneur de la Banque d'Algérie avait relancé l'affaire en affirmant que «l'allocation de change sera revue à la hausse par la Banque d'Algérie dans le but de freiner l'élargissement du marché parallèle des devises». Mais le 27 avril 2013, il a été contredit par le ministre des Finances qui avait souligné, en marge d'une rencontre organisée par la Cosob, que la «révision de l'allocation touristique n'est pas à l'ordre du jour». Le 21 octobre 2013, les députés, membres de la commission des finances et du budget de l'APN, ont relancé, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2014, le gouverneur de la Banque d'Algérie sur la question. Le gouvernement qui a perdu la confiance des citoyens en raison de ses promesses non tenues, va-t-il déroger à la règle cette fois-ci?