Un parti de l'opposition mauritanienne exige la publication immédiate des résultats des législatives et municipales de samedi dernier, accusant la commission électorale de «partialité» dans le premier vote de ce type depuis sept ans. «Ces résultats sont aujourd'hui pris en otage par la Céni (Commission électorale nationale indépendante) et nous la mettons en demeure de les publier sans délai pour le plus grand bien du pays et sa stabilité», a indiqué lundi soir à la presse Mohamed Lemine Ould Naty, directeur de campagne de l'Alliance populaire progressiste. L'APP, un parti d'opposition dite modérée, est dirigée par le président de l'Assemblée nationale sortante, Messaoud Ould Boulkheir. «Nous sommes pacifistes mais nous ne pouvons pas accepter l'inacceptable», a dit M.Ould Naty avant de fustiger «la faiblesse notoire et la partialité de la Céni» dont «les velléités d'instrumentalisation des résultats n'échappent à personne». L'APP, qui a pris part à la création de la Céni en signant en 2011 des accords avec le pouvoir, n'a pourtant cessé de la critiquer avant et durant la campagne électorale. Son président, M.Ould Boulkheir, l'avait ainsi qualifiée de «chose inutile» et réclamé sa réforme. L'APP est membre de la Coordination pour l'alternance pacifique (CAP, opposition modérée), qui a participé aux élections de samedi boycottées par la Coordination de l'opposition démocratique (COD) à l'exception d'un seul de ses onze membres, le parti islamiste Tewassoul. Tewassoul avait dénoncé lundi de «graves irrégularités» lors de ces élections, qui pourraient selon lui, «jeter le discrédit» sur le vote. Dans un communiqué publié lundi, la Céni, qui continue de publier les résultats au compte-gouttes, par bureau de vote, a expliqué le retard de cette publication par la «complexité» du vote. La Céni estime tenir «à ce que le travail de dépouillement et de traitement des résultats soit effectué avec toute la minutie nécessaire». Seul le taux de participation, autour de 60%, est connu. Quelque 1,2 million d'électeurs étaient appelés à renouveler l'Assemblée nationale, qui compte 146 députés, et les conseils municipaux de 218 communes. C'étaient les premières législatives et municipales depuis 2006, deux ans avant le coup d'Etat de Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général élu président en 2009 dans des conditions contestées par l'opposition.