A la lumière des résultats du scrutin présidentiel donnés hier par le ministre de l'Intérieur (0,64%), la déroute électorale de Ali Fawzi Rebaïne, candidat du parti Ahd54, n'a, de toute apparence, pas fait suite au succès voire la surprise réalisée par ce dernier au lendemain de la validation de sa candidature par le Conseil Constitutionnel. Il est vrai qu'outre son effet surprise, la figuration du nom de Rebaïne à côté des cinq autres postulants avait, à titre de rappel, soulevé moult interprétations par les scrutateurs de la chose politique lesquels se sont également interrogés sinon ont mis en doute les 89.000 signatures réunies par le candidat. Bien que celui-ci ait crié « au loup » en mettant en avant une série de dépassements et de violations enregistrés au cours de l'opération du vote dans plusieurs localités du pays, les 65.073 voix récoltées lors de ce scrutin, même si il y a eu fraude, ne sauront occulter cette réalité qui veut que l'ancrage de Ahd54 n'est pas celui des grosses cylindrées de la classe politique comme le FLN, El Islah pour ne citer que ces deux formations. Et pourtant, tout au long de son périple électoral, Ali Rebaïne, n'a eu de cesse de se targuer de la popularité de sa formation faisant fi, à travers les 22 meetings qu'il a animés, à ses «détracteurs» qui, selon ses dires, prônaient le contraire. Pis, le discours «socialisant» et la politique de «Robin des bois» qu'il a promis de mettre en oeuvre, une fois à El Mouradia, n'ont pas eu, à la lecture des résultats du scrutin, l'effet escompté ni même le moindre retentissement auprès des couches les plus démunies, qui forment, curieusement, la majorité de la société. Cela dit, Rebaïne, dont le mérite est d'avoir cassé cette routine politique qui fait que seules les «grosses pointures» ont, à chaque fois droit de cité dans les rendez-vous politiques les plus décisifs. «Le candidat des pauvres» comme il se plaisait à se présenter, dans ses différentes escales électorales, a pu, grâce à cette élection, mettre à profit son long parcours dans la politique, méconnu d'ailleurs par de nombreux citoyens. Aussi, Ahd54, peut désormais se prévaloir de son aura sur la scène politique en se frayant, à cette occasion, une bonne place sous les feux de la rampe. Largement médiatisé, Ali Fawzi Rebaïne a, d'une main de maître, réussi à hisser sa formation dans une classe politique connue cependant pour son conservatisme. En somme, malgré le score «dérisoire» enregistré, il n'en demeure pas moins qu'à la faveur de scrutin de jeudi, le parti de Rebaïne a acquis une grande expérience dans l'exercice ô combien complexe de la politique en Algérie.