Ali Fawzi Rebaïne n'a pas attendu les résultats de l'élection présidentielle du 9 avril pour dénoncer la fraude. A moins d'une journée de la fin de la campagne électorale, qui a débuté le 19 mars dernier, ce candidat du parti Ahd 54 affirme que la fraude a bel et bien commencé. S'exprimant hier dans une conférence de presse tenue au Centre international de presse à Alger, M. Rebaïne dit ne pas être étonné que l'on annonce au lendemain du scrutin une « large victoire » du président candidat Abdelaziz Bouteflika. « La fraude est une constante dans notre pays. Elle a eu lieu en 2004 au référendum sur la charte pour la réconciliation nationale en 2005. S'il (le président candidat) veut 99,99%, qui va l'empêcher de les avoir ? », se demande-t-il pour dire que les résultats se décident en dehors des centres de vote. Rappelant les dépassements d'individus et d'institutions enregistrés durant la campagne, M. Rebaïne, qui se déclare « encore et toujours opposant », tombe à bras raccourcis sur le Conseil constitutionnel, auquel il ne fait guère confiance. « J'ai recueilli 128 000 signatures et le Conseil constitutionnel les a ramenés à 98 000. Ainsi donc, même les résultats des élections qui seront donnés par ce Conseil seront entachés de suspicion », tonne-t-il, dénonçant le fait que « toutes les institutions sont impliquées dans la campagne pour le président candidat ». Ainsi pour M. Rebaïne, le vote du 9 avril ne sera-t-il qu'une simple formalité. Pourquoi reste-t-il dans la course ? Pourquoi s'est-il présenté tout en ayant déjà la mauvaise expérience de la présidentielle de 2004 ? Le candidat de Ahd 54 répond par une autre question : « Est-ce qu'on doit laisser les gens dans leur misère sans essayer de faire quelque chose ? » Pour lui, participer à une telle compétition électorale « jouée d'avance » est une forme de lutte pour le changement du système politique en place. « Je n'aime pas le défaitisme. Pour moi, le combat pour le changement est permanent », souligne-t-il, avant de préciser qu'il n'a jamais été associé au pouvoir politique ni résidé à Club des Pins, ni accepté le système de quotas dans les compétitions électorales. « Je milite pour le changement du système depuis une vingtaine d'années et je suis resté égal à moi-même », assure-t-il, affirmant que « c'est avec les luttes pacifiques et permanentes que beaucoup de systèmes ont été changés de par le monde ». M. Rebaïne, qui se considère comme « un vrai opposant », dit n'avoir jamais vendu son âme au système, comme l'avaient fait d'autres. « Quels que soient les obstacles, je resterai un opposant sans compromission », jure-t-il. Tout en inscrivant sa participation à la présidentielle dans le cadre de « luttes » pour le changement du système en place, M. Rebaïne parle de l'impossibilité de changement en Algérie. « Le système, dit-il, est en train de se reproduire et le 9 avril sera un autre rendez-vous historique raté. »