Quatorze corps d'hommes tués par balles ont été découverts à Baghdad tandis que 16 autres personnes ont été tuées dans de nouvelles violences qui continuent d'endeuiller l'Irak à quelques mois des élections. Ces dernières violences portent à plus de 6.000 le bilan des morts dans les violences depuis le début de l'année, un chiffre inédit depuis le pic d'un conflit confessionnel entre chiites et sunnites ayant déchiré le pays entre 2006 et 2007. Le gouvernement de Nouri al-Maliki (un chiite) mène depuis plusieurs mois des opérations militaires pour lutter contre l'insurrection mais sans résultat tangible le contraignant à demander de l'aide à l'étranger. Les attaques, qui se multiplient, ne sont pas souvent revendiquées mais les autorités ont à plusieurs reprises exprimé leur inquiétude face à un nouveau regain d'activités du réseau extrémiste Al Qaîda enhardi par la guerre civile dans la Syrie voisine. La majeure partie des violences a frappé hier Baghdad et des secteurs à majorité arabe sunnite du nord et l'ouest du pays, cible de la plupart des attaques depuis la multiplication des attentats au début de l'année. A Baghdad, la police a découvert 14 corps d'hommes tués par balles dans deux charniers, selon des sources policière et médicale. Les charniers ont été découverts dans les quartiers de Doura et Chouala, a-t-on ajouté de mêmes sources sans être en mesure de préciser dans l'immédiat quand ces hommes, âgés d'une vingtaine ou trentaine d'années, avaient été tués. Huit de ces corps ont été retrouvés les yeux bandés dans le quartier à majorité sunnite de Doura, tandis que six autres ont été découverts dans un canal du quartier à majorité chiite de Chouala. La capitale a connu d'autres violences hier ayant fait neuf morts, notamment cinq membres -trois hommes et deux femmes - d'une même famille sunnite massacrés à l'aube chez eux dans le quartier de Hourriyah, selon des sources médicale et policière. De nouvelles attaques ont également eu lieu dans la province d'Al-Anbar (ouest) et près de la principale ville du nord, Mossoul, deux régions qui comptent une population à majorité sunnite. Deux attaques séparées menées par plusieurs kamikazes contre la police près de Ramadi, à l'ouest de Baghdad, ont fait au moins cinq morts et 11 blessés parmi les policiers. Dans une des attaques, un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée à la périphérie ouest de la ville avant que des accrochages n'opposent des insurgés à des policiers. Quatre kamikazes ont par la suite fait détoner leurs charges au cours des affrontements. Deux policiers ont été tués et sept blessés dans cette attaque menée à l'aube, ont indiqué des responsables. Une autre attaque suicide contre un commissariat à la périphérie nord de Ramadi a tué deux policiers blessant quatre autres. Ramadi est le chef-lieu d'Al-Anbar, qui partage une longue frontière avec la Syrie. Les autorités craignent que des groupes liés à Al Qaîda n'aient exploité l'absence relative de sécurité dans la région pour établir des camps d'entraînement et mener des attaques des deux côtés de la frontière.