Dans son discours à la nation, Abdelaziz Bouteflika a fait part sciemment de sa reconnaissance à cette alliance pour lui avoir porté une allégeance sans faille. Contactée à la veille de la campagne électorale pour servir d'appui à la fois politique et populaire au candidat Bouteflika, l'alliance présidentielle dont les partis meneurs sont principalement le RND, le MSP et l'aile dissidente du FLN, est appelée, si l'on se fie au raz de-marée de Bouteflika lors du scrutin présidentiel de jeudi dernier, à continuer à faire bloc autour des mots d'ordre du programme présidentiel. Dans son discours à la nation, transmis vendredi en direct, sur les ondes de télévision nationale, Abdelaziz Bouteflika a fait part sciemment de sa reconnaissance à cette alliance pour lui avoir porté à bras-le-corps, dans une période aussi cruciale pour le pays, une allégeance sans faille. Un clin d'oeil qui, a priori, en dit long sur le renvoi de «l'ascenseur présidentiel» que des partis tels que le RND et le MSP attendent de pied ferme, notamment après leur débâcle électorale lors des législatives de mai 2002. Justement, il n'est un secret pour personne que les deux formations qui ont, faut-il le rappeler, laissé des plumes au profit du FLN au cours des deux dernières batailles électorales, à savoir les locales et les législatives 2002, lorgnent une éventuelle dissolution de l'APN que certains observateurs disent imminente. Si tel est le cas, le retour de ces deux partis sur l'échiquier parlementaire et politique se fera, à coups sûr, en grandes pompes. Pour le parti d'Ahmed Ouyahia qui, contrairement au FLN est en proie à une crise fratricide, s'est rangé sans coup férir au camp présidentiel, le soutien à Bouteflika est synonyme d'un retour en force dans le bercail. Un replacement qui permettra, sans l'ombre d'un doute, aux partisans de l'actuel chef du gouvernement de récolter le maximum des dividendes, notamment dans la nouvelle équipe gouvernementale que le locataire d'El Mouradia échafaudera incessamment. Le MSP de son côté, en dépit des temps de vaches maigres qu'il a eu à vivre depuis la disparition de son chef charismatique Mahfoud Nahnah, perçoit la victoire de Bouteflika comme une bouée de sauvetage qui viendrait à cet effet le mettre, une fois pour toutes, à l'abri des tempêtes politiques. Tout comme son allié «Rndiste» l'ex-Hamas mettra à profit sa politique d'entrisme en alimentant les institutions de l'Etat de ses nombreux militants. Pour ce qui est, par contre, du FLN, les choses ne se présentent pas sous les mêmes auspices. La lourde défaite d'Ali Benflis au cours de l'élection présidentielle, avec 07,93% des suffrages exprimés, précipitera, si l'on tient compte de la détermination des «redresseurs» à tenir, vaille que vaille, leur congrès «réunificateur», la fin de règne de ce dernier sur l'incroyable appareil électoral qu'est ce parti. Une situation que les partisans d'Abdelaziz Belkhadem ne rateront pas pour «redresser» la barre en leur faveur. Reste à savoir quelle sera dans ce cas de figure, la réaction des pro-Benflis. Ces derniers réputés, eux aussi, pour leur opportunisme, poursuivront-ils le «combat démocratique» qu'Ali Benflis espère amorcer. Rien n'est moins sûr du moment qu'Abdelaziz Bouteflika, dans ses meetings, n'a eu de cesse de crier que le FLN est un parti «qui appartient à tous». Message décodé : le FLN après sa récupération, prendra tôt ou tard, la tête de cette coalition.