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L'Alliance présidentielle a un an
Un mariage imparfait à l'épreuve de l'avenir
Publié dans El Watan le 16 - 02 - 2005

Cet après-midi, les chefs des trois partis de l'Alliance présidentielle se réuniront à l'hôtel El Djazaïr (ex-Saint-Georges) pour fêter une année de « mariage politique » imparfait et faire le bilan de 365 jours de vie commune difficile.
C'était dans la soirée du 16 février 2004, moins de deux mois avant l'élection présidentielle, que l'« acte de mariage » avait été signé à El Aurassi par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, alors coordinateur du mouvement de redressement du FLN, et Bouguerra Soltani, président du MSP (ex-Hamas). La naissance de cette troïka présidentielle durant la fièvre électorale - marquée par une bataille rangée entre l'actuel locataire d'El Mouradia (candidat à sa propre succession) et Ali Benflis, alors secrétaire général du FLN (mais candidat indépendant) - n'était en réalité que la simple extension, plutôt prolongement d'une coalition gouvernementale qui s'était déjà mise au service du Président durant son premier mandat. Pour ses architectes, c'était une suite logique de la démarche entreprise en 1999. Ainsi, l'alliance s'était investie entièrement dans la campagne électorale de 2004 en défendant bec et ongles le président-candidat et son programme. Après la consécration de Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays, il fallait donc s'échiner à mettre en œuvre son programme et réaliser ses promesses électoralistes. L'alliance était appelée à servir de locomotive. Mais la nature hétéroclite de ce trio, un mélange explosif entre islamistes, démocrates et conservateurs, avait suscité dès le départ des divergences de fond sur de grands dossiers inscrits pourtant dans le programme électoral du Président. Le niet opposé par le MSP quant aux amendements apportés au code de la famille a provoqué une animosité entre les membres de l'alliance. Si le FLN s'évertuait, à l'époque, à recoudre ses lambeaux, le RND avait ouvertement affiché son soutien aux mêmes amendements rejetés par l'ex-Hamas. C'est dire qu'en dehors du souci de préserver leurs intérêts au sein des institutions de l'Etat, surtout dans le gouvernement, rien, absolument rien ne peut réunir ces trois formations. Une alliance dictée par l'opportunisme de ceux-ci et les intérêts - parfois matériels - de ceux-là ne peut qu'être éphémère. Une année après, le bilan est nul. Mis à part la dynamique créée par la campagne électorale, rien n'a été fait dans le cadre de ce « maillot tricolore ». Dans le traité de l'alliance, il est clairement indiqué que les chefs des trois partis doivent se rencontrer chaque trois mois pour faire l'évaluation de leurs activités communes. Rien de cela n'a été fait. Pour le MSP, cette situation de léthargie au sein de l'alliance est due à la crise qui a secoué le FLN et au retard accusé dans la tenue de son congrès réunificateur. « Beaucoup d'insuffisances et de choses négatives ont été constatées durant la première année. Il y avait un manque de coordination, surtout durant le second semestre. La cause en était l'absence d'une direction légitime au FLN », a reconnu Abdelmadjid Menasra, vice-président du MSP. Le numéro deux de cette formation se targue toutefois de l'exploit réalisé le 8 avril 2004 avec 85% de voix pour le président Bouteflika et prend cela au compte de l'alliance. Mais la réunification du vieux parti ne semble pas servir l'alliance. Une nouvelle donne risque de chambouler les calculs des uns et des autres. Le FLN, qui a réussi à introniser Bouteflika président de ce vieux parti, pourrait aussi prendre, à lui seul, la grande part du gâteau. Belkhadem n'a pas caché les desseins du FLN dans son discours d'ouverture des travaux du 8e congrès, le 30 janvier dernier. Et la résolution de politique générale du parti, adoptée par le congrès, n'a abordé la chapitre de l'alliance que légèrement. En s'offrant au Président, comme un cadeau de mariage, le FLN a senti le besoin du parrainage de l'homme le plus fort du régime pour retrouver sa place d'antan. Cette nouvelle donne aura certainement un effet contraire aux visées de l'alliance. Certes, les deux autres membres de l'alliance considèrent qu'un FLN présidé par Bouteflika ne peut que renforcer cette union, d'autant plus que le premier magistrat du pays s'est montré rassurant envers « l'Alliance gouvernementale » dans son message adressé au congrès du vieux parti. Qu'à cela ne tienne, le RND et le MSP commencent à s'inquiéter quant à leur devenir. Le MSP se dit mécontent quant à sa position au sein du gouvernement et veut la renforcer à travers un remaniement en sa faveur. Avec seulement quatre portefeuilles ministériels, l'ex-Hamas considère que le traité de l'Alliance présidentielle n'a pas été encore appliqué. Le RND, qui semble en perte de vitesse en faveur de son ascendant, le FLN, compte également faire valoir ses droits dans le cadre d'une alliance plus dynamique. C'est ainsi qu'Ahmed Ouyahia s'échine à donner un nouveau souffle à cette troïka, en mettant en place à l'occasion de ce premier anniversaire les mécanismes indispensables pour une bonne coordination entre les trois formations. L'alliance réussira-t-elle à subsister aux divergences avérées entre ses acteurs ? Possible, tant que l'homme qu'elle doit servir est toujours là.

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