Il est à craindre dans les jours à venir une révolte devant lui imputer ce double échec au plan politique. Dès lors qu'à la dernière échéance, Saïd Sadi n'a recueilli que 196 434 voix représentant 1,93% des suffrages, cette régression risque d'être considérée comme un tournant décisif dans la vie de son parti et dans sa carrière politique. En outre, elle risque de jouer de mauvais tours au candidat au sein même de sa propre formation en provoquant une fronde du fait que Saïd Sadi n'en est pas à sa première déconvenue électorale. En effet c'est la seconde fois que le président du RCD se présente à la magistrature suprême sans pour autant réaliser un score honorable, bien au contraire. Est-ce à dire que Saïd Sadi n'arrive plus à convaincre, a-t-il perdu de sa capacité de persuasion ou bien ses militants ne sont plus convaincants ou alors ses idées modernistes ne sont pas assimilées par le commun des mortels? Tant de questions qui risquent de mettre en péril la position de Saïd Sadi au sein même de sa propre formation même si comme l'a rappelé M.Djamel Ferdjallah «la vie politique d'un parti ne s'arrête pas à une échéance électorale» . Mais il est à craindre dans les jours à venir une révolte devant imputer au président du parti ce double échec au plan politique au point de provoquer la démission de plusieurs cadres. Déjà par le passé, les positions de Saïd Sadi ont provoqué le départ de certains cadres irremplaçables à l'image de Mokrane Aït-Larbi pour ne citer que celui-là. Mais une chose est sûre aujourd'hui, Said Sadi est arrivé à faire le vide autour de lui au point qu'il n ‘y a pratiquement aucun cadre pouvant lui faire de l'ombre. Cet état de fait risque de provoquer l'implosion pure et simple du parti si aucun plan de rechange n'est proposé dans les plus brefs délais. Cela dit, le président du Rassemblement pour la démocratie et la culture se doit d'abord de faire le ménage dans sa propre maison et de revoir la stratégie du parti. En effet, depuis sa création en février 1989 à la suite de la tenue des assises du Mouvement culturel berbère, le RCD ne s'est jamais s'imposé au niveau national, se contentant de se confiner dans son fief de Kabylie au point qu'il a été taxé de régionaliste même si ses revendications ont fini par constituer le coeur des programmes du courant démocratique. Pourtant lors des élections municipales pluralistes, le RCD a enlevé 87 communes sur les 1541 existantes avec 160.000 voix. Le 26 décembre 1991, le premier tour des élections législatives aboutit à un raz-de-marée intégriste. Dans ce scrutin marqué par une forte abstention (42%), le camp démocratique divisé a réalisé moins de un million de voix. De tous les nouveaux partis, le RCD était le seul à émerger avec 200.000 voix. Les islamistes avaient obtenu près de 4 millions de voix, l'ex-FIS totalisait 24% des électeurs inscrits. En juin 1997 , Saïd Sadi , tête de liste, est élu député d'Alger où le RCD remporte 15 des 24 sièges à pourvoir. Ce parcours a amené le président du RCD à se porter candidat à la présidentielle de 1995 où il obtint 1.200.000 voix. Aujourd'hui, et loin de nous l'idée de tirer sur l'ambulance, il demeure cependant de notre devoir de se poser des questions pour élucider l'échec du projet démocratique dont la réalisation est plus que d'actualité.