Le Dr Saïd Sadi a annoncé, dimanche soir, sur Berbère-TV que son parti prendrait part à cette échéance pour “faire barrage aux brigands”. De son côté, le Parti des travailleurs confirme également sa participation tout en souhaitant des élections générales pour l'ensemble des assemblées élues du pays. “Il faut éviter que les petits brigands de corrompus manipulés par Ouyahia arrivent à prendre les APC en Kabylie”, estime le président du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui identifie ainsi ses adversaires : “Ce sont ces janissaires que le pouvoir est en train d'utiliser pour perturber, faire régresser et tuer la mémoire politique de la Kabylie qui est un des fondements de l'Algérie démocratique.” Invité, dimanche soir, par la chaîne de télévision communautaire Brtv, le Dr Saïd Sadi, qui a livré son analyse de la situation politique nationale, a confirmé le principe de la participation de son parti aux prochaines partielles en Kabylie. Ce vote a son importance car, selon lui, le pouvoir local, s'il est entre les mains de militants politiques intègres, peut être un instrument de construction de la démocratie de proximité. Et dans ce cadre, le RCD peut par sa participation transformer la démocratie en exemple pratique en Kabylie. “Le principe de notre participation est désormais acquis, mais il reste les modalités : avec qui, comment et pourquoi ?” a-t-il déclaré, ajoutant que la plate-forme de la Soummam conçue par Abane Ramdane peut trouver une partie de son application dans l'exercice du pouvoir local. Par sa participation aux élections partielles, le RCD compte ainsi faire barrage à la smala de corrompus et autres escrocs politiques que le Chef du gouvernement, dira Sadi, veut faire entrer dans la représentation politique de la région. il n'écarte pas, du moins, le suggère-t-il, de faire alliance avec les forces politiques positives, notamment le FFS pour faire échec à la démarche du pouvoir. Il se dit partant pour des listes communes avec le parti de Aït Ahmed. La ligne de démarcation est claire, selon le leader du RCD : “La conjoncture n'interpelle pas seulement le militant, il faut faire la différence entre les colombes d'Avril 80 et la bande de vautours manipulés par Ouyahia.” Mais il n'a pas manqué de faire remarquer que c'est justement Ahmed Ouyahia, alors ministre de la justice, qui avait cautionné les élections de 2002, qui procède à la dissolution des APC. “Cela pose un problème de crédibilité de l'Etat. on ne peut pas demander au citoyen de respecter la loi lorsque l'Etat lui-même commence par la violer en premier”, note le numéro un du RCD qui met en garde contre ceux qui jouent avec la cohésion nationale. Le chef du gouvernement en aura pour son grade tout au long de l'émission. Pour l'invité de Brtv, la vigilance de la population doit être de mise devant ce que le chef du gouvernement concocte pour la région, car donnée historique oblige, à chaque fois que la Kabylie est blessée, l'Algérie est perturbée. “Ouyahia a décidé de gérer sa carrière en donnant en offrande le cadavre de la Kabylie politique”, observe encore Sadi pour qui la visite du premier ministre à Béni Douala, le 18 avril dernier, “est une manière d'enterrer une seconde fois le martyr, car pour moi, il n'y a pas eu de demande de pardon ; c'est une auto-absolution”, assène-t-il. Abordant la situation politique nationale, le docteur Sadi n'y est pas allé par trente-six chemins pour dire le fond de sa pensée : journaux censurés, syndicats autonomes interdits, télévision fermée à l'opposition, répression sociale... En un mot, la situation politique est marquée par le verrouillage politico-médiatique. “On ne peut restaurer le parti unique, c'est une démarche contraire à l'Histoire et contraire aux attentes des Algériens”, affirme Sadi. À propos du projet d'amnistie sur lequel le président de la république compte asseoir la matrice idéologique de son second mandat, Saïd Sadi, citant l'exemple de l'Afrique du Sud, insiste sur deux paramètres pour ce faire : la vérité et la justice. Il reprend à son compte l'observation faite par le Sénat américain qui a estimé qu'“avant de tourner une page dans la vie d'un peuple, il faut d'abord l'avoir lue”. L'Algérie a trop payé pour s'éviter l'hypothèque islamiste, considère M. Sadi, pour qui “l'amnistie est un projet qui est mal préparé”. Le contexte dans lequel ont été tenues les présidentielles du 8 avril 2004 a inspiré des commentaires au leader de l'opposition démocratique. En l'occurrence celui-ci : “l'Armée algérienne avait pris l'engagement de ne pas se laisser impliquer dans la fraude et de garantir la neutralité du scrutin. Les algériens doivent savoir qu'elle n'a pas tenu parole.” Et à Sadi d'assener sentencieux : “C'est la première fois que l'Armée algérienne a perdu sa crédibilité politique.” Par ailleurs, la loi française du 23 février 2005 relative au rôle positif de la colonisation, Sadi la qualifiera de “dérapage”. L'invité de l'émission “Point de vue” a retracé les activités du RCD aussi bien en Algérie, même si elles ne sont pas médiatisées, mais aussi à l'étranger, notamment lors de ses visites en France, au Maroc et aux états-Unis. “c'est la seule manière de porter la voix de l'opposition démocratique devant les tentatives de restauration du parti unique”, a-t-il résumé. Yahia ARKAT