Les Etats-Unis ont rapatrié, jeudi 5 décembre, deux détenus algériens de la prison militaire américaine de Guantanamo, en dépit de leur refus de rentrer en Algérie. Le Pentagone a précisé, dans un communiqué que «les Etats-Unis se sont coordonnés avec le gouvernement algérien pour veiller à ce que les transfèrements aient lieu avec les assurances d'un traitement humain et d'une sécurité adéquate». Ces deux détenus sont Djamel Améziane (46 ans) et Belkacem Bensayah (51 ans). Ils étaient arrivés à Guantanamo en janvier 2002 parmi les tout premiers détenus arrêtés sur des soupçons de terrorisme, après les attentats du 11 septembre 2001. Ils ont été déclarés «libérables» dès 2007. Bensayah Belkecem réclame son retour en Bosnie, où il a été arrêté en 2002 et où vivent sa femme et ses filles. Djamel Améziane qui a vécu en Autriche et au Canada, demande de son côté à rentrer au Canada depuis qu'il a été déclaré «libérable» par l'administration Bush en 2007. Le rapatriement forcé de ces deux détenus en Algérie a suscité la crainte des organisations des droits de l'homme quant à leur persécution par les autorités algériennes qui ont émis un avis sans objection à la demande américaine de leur rapatriement. Réagissant à ces craintes, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini, a indiqué que ces deux détenus «ne risquent rien en Algérie, car ils ne sont coupables de rien». «C'est tout à fait normal qu'ils soient rapatriés en Algérie comme les autres détenus déjà libérés de Guantanamo et sur lesquels ne pèsent aucune charge», a-t-il déclaré, jeudi à l'APS, estimant le nombre de détenus algériens libérés de Guantanamo à plus de 10 personnes. Me Ksentini a relevé que la justice algérienne s'était «penché justement» sur les cas de ces détenus libérés, en «toute souveraineté» et ils ont été acquittés, soulignant «qu'il n'y avait rien dans leurs dossiers». A propos du refus des deux détenus d'être rapatriés en Algérie par crainte de «subir des abus», préférant d'autres destinations, notamment la Bosnie ou le Canada, Me Ksentini a affirmé que leur peur était «injustifiée» et «inutile». «Ils n'encourent aucun danger. Ce sont des gens qui sont coupés de leur pays et qui ont perdu la notion des réalités (en Algérie) depuis longtemps. Ils ignorent que le pays vit la réconciliation nationale depuis 2005», a-t-il noté.