Les architectes de la Révolution ont saisi la portée et l'impact de l'image et du son dans une guerre à forces inégales et ont tout orchestré pour remporter la bataille médiatique qui opposait l'Algérie à la France durant la guerre de Libération, a déclaré jeudi dernier après-midi à Constantine le critique de cinéma, Ahmed Bedjaoui. Animant une conférence au Palais de la culture Malek-Haddad portant sur le thème «l'illustration dans le cinéma des manifestations populaires», M. Bedjaoui a indiqué que les manifestations populaires du 11 décembre 1960 dans les villes algériennes étaient «l'image et le message» que le Front de Libération national (FLN) a tenu à transmettre à l'opinion internationale. L'ex-présentateur de la célébrissime télé-cinéclub à la télévision algérienne, a affirmé, à ce propos, que les manifestations populaires du 11 décembre 1960 reflétaient «un peuple entourant sa Révolution et les stratèges qui l'ont déclenchée» et ont «battu en brèche les allégations françaises». Citant des noms d'une génération qu'il a qualifiée «d'exceptionnelle», à l'exemple de M'hamed Yazid, Lamine Bechichi, Lamine Debaghine, Pierre Chaulet et Serge Michel, M.Bedjaoui a souligné qu'ils figurent parmi ceux qui comprirent le besoin crucial de relayer par l'information les victoires militaires. Ils ont, a-t-il poursuivi, planifié et exécuté «une stratégie de communication infaillible». Le conférencier est également revenu sur l'apport de Djamel Chanderli et de René Vautier qui réalisèrent, dans le feu de l'action, des films sur le combat des Algériens avant de rappeler que le président américain John Fitzgerald Kennedy adhéra à la cause algérienne et évoqua la résistance algérienne après la diffusion sur la chaîne TV américaine CBS de reportages filmés sur la Révolution algérienne, réalisés par un journaliste américain, invité par Abdelhafid Boussouf à visiter les maquis. M.Ahmed Bedjaoui a enfin affirmé que l'image qui a fait le tour du monde, montrant un Larbi Ben M'hidi menotté et souriant après des heures de torture, était «la parfaite illustration d'une résistance et d'une stratégie de communication auxquelles la France n'a rien compris», préférant y faire face «avec des méthodes classiques et musclées qui l'ont engloutie davantage». La conférence a été suivie par une vente-dédicace du livre d'Ahmed Bedjaoui Images et visages au coeur de la bataille de Tlemcen paru aux éditions Chihab et dont les illustrations ont été réalisées par l'artiste Denis Martinez.