Cette cérémonie a été marquée par la projection d'un extrait du film «Les Cinéastes de la liberté» de Saïd Mahdaoui en présence de la soeur du cinéaste. L'association Mechaâl El Chahid a organisé hier au siège d'El Moudjahid, un hommage au cinéaste Djamel Eddine Chanderli à l'occasion de la commémoration du 56e anniversaire du déclenchement de la Guerre d'Algérie. Pour ce faire, un extrait du documentaire de Saïd Mahdaoui, Les Cinéastes de la liberté a été présenté au public. Une partie du film était consacrée à ce grand résistant par la caméra. Plusieurs cinéastes et hommes politiques témoignent dans le film afin de dire le combat par l'image qui a prévalu au début de la guerre de Libération. Ils s'appellent René Vautier, Pierre Clermont, mais aussi Mohamed-Lakhdar Hamina, Amar Laskri, Ahmed Rachedi ou encore Djamel Eddine Chanderli. Lors de la guerre de Libération, le cinéma a été utilisé par les combattants de l'ALN pour promouvoir l'image de la lutte du peuple algérien. Le Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne) avait créé, dès 1957, un service cinéma au sein de l'ALN. Chanderli qui avait rejoint le maquis en 1956, filmera les premières images de la résistance algérienne. «Il fallait plonger dans les champs de bataille pour montrer la force de l'ALN et sa capacités à affronter l'armée française», dira dans le film Ahmed Bedjaoui, conseiller cinéma au ministère de la Culture. Et l'ancien ministre de la Communication, Lamine Bechichi, de souligner: «La caméra était notre arme». Plusieurs personnalités se succèderont dans ce documentaire pour dire la passion de Djamel Eddine Chanderli pour le cinéma. Une note de nostalgie et de regret pointe à l'horizon et est ressentie en filigrane: «On n'a pas fait assez de films sur la guerre de Libération», avoue Réda Malek. Et M.Ahmed Rachedi d'indiquer: «Tout doucement et sûrement, nous nous sommes habitués à l'oubli de nous-mêmes». Lors du débat qui a suivi cette projection, le grand comédien Saïd Hilmi demandera à savoir auprès de l'assistance si «le cinéma est une puissance et une arme. «Faites encore des films sur l'histoire et qu'importe combien cela va coûter.. Il faut laisser des traces à nos enfants. Chanderli m'a servi comme rêve de jeunesse», a-t-il avoué, ému. Et le militant Pierre Chaulet présent, lui aussi de monter à la tribune et de témoigner: «Pendant la guerre de Libération, nous étions asymétriques. Tous les réalisateurs étaient au front, il ne restait que des photographes amateurs. Il a fallu aussi faire appel à quelques réalisateurs de la télé. Djamel-Eddine Chanderli était à Paris, il est rentré à Tunis, puis il est passé en Algérie. En 1956, il est le premier, à l'époque, à filmer les prémices de la Guerre d'Algérie de l'intérieur», explique-t-il. Et de vouloir réhabiliter une vérité historique selon ses termes. Il fera remarquer également: «C'est avec la création du Gpra qu'il y eut une volonté de créer un département image et son. Nous y étions, ma femme et moi, Boudia, Lakhdar Hamina, Djamel-Eddine Chanderli et d'autres, notamment». Pierre Chaulet décrira «la passion vivante» de Djamel Chanderli pour le cinéma, sa façon de voir et de capter même l'essence des choses. «Il a filmé les bombardements au napalm au Constantinois». Le résultat sera, plus tard un film nommé Djazaïrouna. Djamel Eddine Chanderli comme le montre le film de Saïd Mahdaoui signera aussi avec le concours de Mohamed Lakhdar Hamina un petit film fiction intitulé Yasmina, première fiction sur la Révolution algérienne. Pour sa part, Saïd Mahdaoui dira que c'est grâce à ce film qu'il a pu comprendre la dimension importante que pouvait avoir Chanderli. Il souhaitera que d'autres films se fassent à son effigie, émettant également le souhait de donner son nom à une salle de cinéma. Suite à cela, la soeur de Djamel-Eddine, Mme Marie-Myriam Chanderli, veuve Amara Okba a été honorée. Un cadre comprenant la toute première page d'El Moujahid lui a été offerte ainsi qu'un prix honorifique. Celle-ci, en larmes, remerciera les présents pour cette cérémonie placée à la mémoire de son frère qui, dit-elle «aimait la caméra en faisant tôt de la Guerre d'Algérie sa cause».