Avec autant d'atouts aussi bien humains que politiques, Abdelaziz Bouteflika semble jouer sur du velours. En vertu de l'usage constitutionnel, Abdelaziz Bouteflika prendra officiellement ses nouvelles fonctions pour un deuxième mandat à la tête de la République au cours de la traditionnelle cérémonie de prestation de serment qui aura lieu demain au Palais des Nations à Alger. Ainsi reconduit, Bouteflika sera, après Ahmed Ben Bella, Houari Boumediène, Chadli Bendjedid et Liamine Zeroual, le sixième président de la République élu au suffrage universel dans la jeune histoire de la République algérienne démocratique et populaire. Elu le 8 avril dernier avec 84,99% des voix, le Président Bouteflika procédera, conformément à la Constitution, à la nomination d'un nouveau gouvernement, lequel prendra en charge la mise en oeuvre du programme présidentiel. Au terme de l'investiture présidentielle, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, déposera, selon la procédure, la démission de son gouvernement au chef de l'Etat. Ce dernier, à travers les prérogatives que lui confère la Constitution, aura toutelatitude de choisir entre la nomination d'un nouveau chef de gouvernement ou maintenir Ahmed Ouyahia en le sommant de procéder à une large consultation à même de présenter les hommes et les femmes qui constitueront, après l'aval du président, l'équipe dont la mission est, de toute évidence, de mettre en pratique le programme du premier magistrat du pays. Dans ce contexte, les observateurs au fait du sérail, tablent, unanimement sur le maintien d'Ouyahia à la tête de la chefferie du gouvernement. Outre le «bon travail» effectué par ce dernier à la tête du gouvernement depuis qu'il a remplacé son prédécesseur, Ali Benflis, limogé en mai 2003 par Bouteflika, Ahmed Ouyahia s'est notamment distingué, en tant que chef d'un parti politique, le RND, par son soutien «indéfectible» à la politique du chef de l'Etat. Habile, l'ancien ministre de la Justice, a accusé, à son corps défendant, le coup de la déroute électorale de sa formation lors des élections, législatives et locales en 2002, lesquels scrutins ont, faut-il le rappeler, relégué le parti à la deuxième position sur l'échiquier politique. Sans lever le petit doigt, Ouyahia, avait le tact de se mettre en utilité, et ce, même dans les moments les plus difficiles que le pays a eu à traverser. Mais c'est dans la gestion du dossier «brûlant» de la crise kabyle que le premier ministre a révélé son habileté politique et l'a fait rebondir au devant de la scène politique. Sur instruction du chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia avait, rappelons-le, invité les archs «authentiques» à se mettre autour de la table pour négocier la concrétisation des revendications de ces derniers, inscrites dans la plate-forme d'El Kseur. Un appel qui a eu pour corollaire la signature d'un protocole d'accord portant sur la satisfaction des six incidences préalables à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur. Avec autant d'atouts, aussi bien humains que politiques, Abdelaziz Bouteflika semble jouer sur du velours. Sa prestation de serment ne sera, à la lumière des multiples avantages qui jouent en leur faveur, qu'une simple formalité pour peu qu'il évite de réitérer le coup de 1999 lorsqu'il mis huit mois pour installer son gouvernement.