Après les conclusions rendues publiques par la commission de M.Benzaghou, le défi consiste désormais en leur mise en oeuvre. Toutefois, des spécialistes en la matière n'ont pas omis de relever certaines contraintes empêchant l'application des résultats de cette commission. Ainsi, Mme Griffou, cadre au ministère de l'Education nationale et membre de ladite commission, souligne que l'absence d'un véritable projet national approuvé par une décision politique concrète constitue l'écueil majeur entravant le processus de réforme. Ce point de vue pourra engager les débats vers un autre stade. L'écrivain du fameux ouvrage L'école algérienne de Pavlov à Ibn Badis a, de ce fait, remis la mission de Benzaghou au centre des controverses. «Depuis 1988, le gouvernement ne s'est jamais montré prêt à réformer l'école algérienne. Toutes les démarches préconisées en la matière se résument en une seule ligne : l'allégement des programmes et le renforcement du système». Or, le projet de réforme, aux yeux de Mme Griffou, devra toucher deux aspects principaux, dont les volets pédagogique et organisationnel. S'agissant du premier aspect, Mme Griffou affirme que ce volet est «au carrefour des histoires et des sciences humaines». Autrement dit, la pédagogie ne représente pas un problème pour l'élaboration d'un nouveau système éducatif et ce, parce qu'elle évolue avec la progression de la société dans ses différents avatars. D'autre part, la spécialiste estime que «le modèle d'organisation en Algérie fonctionne toujours sous les recommandations prescrites à l'ère du parti unique». A ce titre, Mme Griffou, n'a cessé tout au long de sa conférence organisée au palais de la culture, d'appeler à libérer les structures administratives. «Le secteur de l'éducation continue à obéir et à s'inspirer d'un modèle socialiste révolu. Ce modèle a mis les institutions sous un puissant organe de contrôle», a-t-elle affirmé. Sur un autre chapitre, l'oratrice soutient fermement que la concentration des efforts devra se faire sur l'école fondamentale, «la grande faille du secteur de l'éducation». En ce sens, elle a jugé nécessaire de revoir le manuel scolaire en faisant appel «aux favoris des pédagogues et des inspecteurs». Fidèle à son engagement Mme Griffou, l'une des fondatrices de l'école privée en Algérie, n'a pas omis de rappeler l'importance de ce volet dans le plan de réforme agréé par les pouvoirs publics. «L'autorisation d'implantation d'établissements privés accordée par arrêté du ministère de l'Education nationale a constitué une deuxième révolution pour l'école algérienne», certifie Mme Griffou. Dans ce contexte, la tutelle a, dans une note rapportée hier par l'agence AAI, invité les établissements privés à se conformer aux dispositions du décret exécutif du 24 mars 2004. Cette nouvelle ordonnance se fixe comme objectif l'organisation des écoles privées en vue d'assurer un enseignement conforme à celui autorisé par les instances de l'Etat. Le prochain gouvernement sera donc appelé à concrétiser la politique prônée par le président Bouteflika pour une école moderne et instructive mais surtout répondre aux revendications portant sur la réforme du système éducatif. Une thèse longtemps réclamée par certaines organisations politiques et des représentants de la société civile.