Le message du chef de l'Exécutif résume parfaitement des polémiques ayant suscité le rapport Benzaghou. M. Benflis a exhorté l'ensemble des acteurs et partenaires concernés par la mise en oeuvre de la réforme du système éducatif «à promouvoir les canaux de communication et de dialogue». L'appel a été lancé à à l'occasion du Conseil de gouvernement ayant débattu, mercredi dernier, de la quatrième et dernière composante du rapport général de la commission Benzaghou, relative à l'enseignement supérieur et à la recherche scientifique ainsi qu'au cadre «général de la mise en oeuvre de la réforme projetée». Le message de Benflis résume parfaitement l'ensemble des polémiques ayant suscité le rapport Benzaghou. Contrairement à ce qu'on pouvait croire, l'appel n'est pas adressé spécialement aux partis ayant revendiqué tambour battant le rejet des réformes, comme la coordination de Ben Mohamed qui regroupe des formations politiques islamistes. En parlant de «partenaires et d'acteurs concernés», Benflis viserait, de prime abord, des cercles proches du gouvernement, pour ne pas dire membres de l'Exécutif, dont certains ont fait montre d'une attitude peu convaincante, applaudissant les réformes d'un côté et les entravant en coulisses de l'autre, ou encore de par l'ambiguïté de leurs positions. A ce sujet, l'on rappelle, entre autres, les positions pour le moins contradictoires du ministre des Affaires religieuses sur la révision du livre scolaire sur l'éducation islamique. En effet, Ghallamallah, même s'il avait salué «l'initiative» lors d'une précédente déclaration à L'Expression, avait omis paradoxalement de se prononcer sur les nouveaux programmes arguant qu'il en ignorait le contenu. Le Haut Conseil islamique avec à sa tête M.Bouamrane Cheikh, abonde dans le même sens, concernant le rapport Benzaghou, soulevant les mêmes argumentations. La même réticence a été soulevée à travers l'intervention des représentants du ministère de l'Education et du Haut Conseil de la langue arabe dans différentes rencontres sur les réformes en question, qui tardent à voir le jour. La déclaration de M.Benflis met en exergue une deuxième réalité. En effet, il semble clairement que le rapport Benzaghou n'ait pas l'unanimité au sein des membres de la Commission. L'on signalera dans ce sens la position du représentant (Hcla) qui nous a clairement exprimé sa désapprobation quant à l'enseignement des matières scientifiques en français. En dépit de toutes ces convergences et ambiguïtés, le dossier des réformes a été soumis au Conseil de gouvernement qui, à chaque réunion, souligne les insuffisances et les dysfonctionnements du système éducatif national. Lors de la dernière réunion, le gouvernement a félicité M.Benzaghou et les membres de la Cnrse «pour les efforts qu'ils ont consentis et la qualité du travail fourni». Le Chef du gouvernement a également confié à un groupe de travail interministériel la tâche de traduire sous forme d'un plan d'action accompagné d'un échéancier précis des recommandations formulées dans le rapport général de la Cnrs. Ce projet de plan d'action, ainsi élaboré, sera examiné à l'occasion d'une prochaine réunion du Conseil de gouvernement avant d'être soumis au Conseil des ministres. L'appel de Benflis viserait certainement l'accélération du processus d'application. Le Président de la République, lors de sa dernière sortie en France, l'a clairement signifié, «la prochaine rentrée scolaire se fera sous le signe des réformes». La lettre adressée à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, il a tenu à imputer «les maux sociaux, causés par l'incivisme et le peu de valeur conférée au bien public, à une grande défaillance dans l'éducation de notre jeunesse». Les réformes deviennent alors une nécessité pour ne pas dire une évidence incontournable. L'objectif étant d'instaurer un minimum de consensus autour des mesures qui sont à la fois importantes et décisives pour le devenir du pays.