Conférence animée conjointement par Abdelkader Messahel et Ramtane Lamamra «Il n'est pas dans nos traditions de divulguer les discussions diplomatiques», a-t-il affirmé tout en disant avoir compris l'indignation du peuple algérien. Ce n'est pas du tac au tac. Le chef de la diplomatie algérienne évite la polémique et refuse de répondre aux provocations. S'exprimant sur plusieurs dossiers, hier, lors d'une conférence qu'il a animée conjointement avec le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, Ramtane Lamamra n'a pas été sur la défensive. Bien au contraire, le ministre a adopté un tempérament calme. Interpellé de nouveau sur l'impact de la boutade du président François Hollande sur les relations entre les deux pays, le ministre des Affaires étrangères n'a pas été brutal. «Les relations entre l'Algérie et la France sont très denses et émotionnellement très chargées. Elles ne peuvent jamais être banales. Si elles connaissent des moments où elles évoluent vers l'excellence, il n'en demeure pas moins qu'elles restent toujours perfectibles» a-t-il soutenu. Pour M.Lamamra, «toutes les difficultés de part et d'autres doivent être réglées pour sauvegarder ce caractère important et exceptionnel des relations entre les deux pays». La France a-t-elle demandé des excuses? Le ministre n'a pas voulu se prononcer sur ça en réitérant toutefois que les propos du président français étaient un incident regrettable. «Des dispositions exceptionnelles dans la diplomatie française ont été prises», a-t-il affirmé en citant les entretiens téléphoniques entre les deux présidents ainsi que le communiqué de l'Elysée. M.Lamamra a gardé le secret sur le contenu des discussions téléphoniques. «Il n'est pas dans nos traditions de divulguer les discussions diplomatiques», a-t-il affirmé tout en disant avoir compris l'indignation du peuple algérien. «De toute évidence, il y avait de la part de notre partenaire une volonté très affirmée de circonscrire l'incident et de laisser toutes les perspectives de développement de notre partenariat d'exception se réaliser sans être perturbé par les incidents de parcours», a-t-il assuré avant de clore ce sujet. Au sujet de la construction d'un mur au niveau des frontières par le Maroc, le chef de la diplomatie algérienne n'a pas trouvé ça embêtant. «Nous n'avons aucune information officielle sur ça», a-t-il déclaré en préambule. «Si un tel acte est conclu dans le territoire marocain, cela relève de son droit de sécuriser ses frontières comme l'Algérie a le droit de le faire aussi», a-t-il simplement dit sur un ton serein. Même au sujet de l'avant-projet de loi légalisant le cannabis par le gouvernement marocain, le ministre estime que «chaque pays légifère pour lui-même en tenant compte de ses engagements envers la communauté internationale». Le ministre des Affaires étrangères n'a pas voulu spéculer sur cette question. «Il y aura des interactions et des réactions, mais chaque chose en son temps», a-t-il assuré en ajoutant: «Nous n'allons pas spéculer.» Contrairement au Royaume chérifien qui multiplie les provocations, l'Algérie refuse de jouer le jeu et préfère apaiser les tensions. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères s'est également exprimé sur la visite qu'effectuera le Premier ministre Abdelmalek Sellal en Libye. «C'est une visite de travail et d'amitié qui s'inscrit dans le cadre de la tenue de la commission mixte de haut niveau algéro-libyenne», a-t-il affirmé en précisant que les discussions porteront sur plusieurs domaines économiques, politiques et même sécuritaires. M.Lamamra a réitéré l'engagement de l'Algérie à aider la Libye à se reconstruire. Le ministre a également fait l'annonce de la visite du ministre égyptien des Affaires étrangères la semaine prochaine à Alger. M. Lamamra a assuré que l'Algérie fera tout son possible pour le retour de l'Egypte à l'Union africaine. A la question de savoir si l'Algérie soutient le régime en place, le ministre répond: «Nous soutenons des Etats.»