Décidément, le feuilleton des expulsions déclenché par les autorités françaises semble loin de tirer à sa fin. Après le renvoi de l'imam de Brest (ouest de France), Abdelkader Yahia Cherif, le 14 avril dernier, c'est au tour d'Abdelkader Bouziane, un autre imam officiant dans la principale mosquée de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, à se voir refouler du territoire français. Bouziane, qui se revendique du courant salafiste, tenant d'un Islam «des origines» du temps du Prophète, s'était prononcé dans le numéro d'avril du mensuel Lyon Mag en faveur de la lapidation des femmes, contre l'égalité homme-femme et appelait de ses voeux à une République islamique en France. Cette expulsion intervient après la loi portant sur l'interdiction du port du voile islamique dans les écoles publiques qui, faut-il le rappeler, a suscité la colère de tous les musulmans de France. Un courroux qui est marqué par le nombre impressionnant de manifestants qui ont crié haut et fort leur mécontentement face à de telles lois, jugées «offensantes». Toutefois, l'expulsion d'Abdelkader Bouziane semble relever autant du symbole que d'une mesure destinée à éloigner un danger imminent, l'influence réelle de l'imam dans la région de Lyon étant difficile à déterminer. En effet, les autorités françaises qui prétendent vouloir, par ce genre de mesures, éradiquer le phénomène du terrorisme, sont en train de commettre une erreur dont l'impact et les répercussions seront très néfastes, notamment sur la sécurité de la France. Déjà la marginalisation sociale, dont les Français d'origine algérienne, sont victimes ainsi que l'exclusion de leur participation dans la vie et les décisions politiques, vont certainement accroître non seulement le phénomène de l'islamophobie mais aussi on assistera au retour massif du racisme. D'autant plus que la classe politique française fait l'unanimité concernant l'interdiction du voile islamique ou l'expulsion de ces imams. En outre, la nomination, dernièrement, des ministres de l'Intégration et des Anciens combattants ne va pas pour autant alléger le climat délétère dans lequel la scène politique française est désormais plongée. Par ailleurs, et selon des observateurs, le gouvernement français, en voulant éradiquer l'intégrisme à ses racines, risque de se voir confronté à la recrudescence des actes terroristes. Ce malgré les déclarations du ministre de l'Intérieur français que «l'expulsion est une mesure d'ordre public destinée à protéger la collectivité nationale». Et que «le gouvernement ne peut tolérer qu'en public soient tenus des propos contraires aux droits de l'homme, attentatoires à la dignité humaine et en particulier à la dignité des femmes...». Ainsi, le gouvernement Raffarin qui compte aller loin dans sa lutte contre le terrorisme et l'intégrisme est en passe d'empirer la situation, notamment avec les mesures draconiennes qui consistent en le déploiement de tout un réseau de la Défense de la sûreté du territoire (DST) dans la quasi-totalité des mosquées de France. C'est à se demander maintenant si ce genre de procédures n'étaient entamées que dans le but de préserver le territoire français contre l'intégrisme menaçant ou dans celui de porter préjudice à la communauté maghrébine en général et algérienne en particulier.