«Bravo à Pierre Lescure, élu à l'unanimité président du festival de Cannes pour succéder à Gilles Jacob», a tweeté la ministre. Cette élection s'est faite lors de la tenue d'un conseil d'administration du festival, durant lequel l'Etat devait proposer Pierre Lescure comme nouveau membre du conseil d'administration, condition préalable à sa nomination. L'annonce de cette future nomination avait été faite la semaine dernière par Jérôme Clément, ex-patron d'Arte et concurrent malheureux de Pierre Lescure. M.Lescure prendra ses fonctions après la prochaine édition de Cannes en mai, où Gilles Jacob, 83 ans et président depuis 2001, officiera pour la dernière fois à la tête du plus grand festival cinématographique mondial. Journaliste devenu grand patron de l'audiovisuel, Pierre Lescure, cinéphile et enfant du rock, avait lancé Canal+ aux côtés d'André Rousselet en 1984 et en était devenu dix ans, plus tard, à 48 ans, le président emblématique avant que le groupe ne se transforme en géant international. Le président du Festival de Cannes est élu par le conseil d'administration de l'Association française du Festival international du film. Cette instance compte 28 membres et repose sur un subtil équilibre entre le monde du cinéma et les pouvoirs publics qui subventionnent l'événement. Il comprend deux représentants de l'Etat, l'un du ministère de la Culture et l'autre des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat, aux côtés de professionnels: producteurs et distributeurs, mais aussi sociétés d'auteurs comme l'ARP ou la Sacd, et des syndicats comme la CGT. Le budget du festival représente environ 20 millions d'euros dont la moitié provient de fonds publics. L'ancien patron de Canal+ n'entrera en fonction qu'à l'issue de la prochaine édition du festival, mais il sait que cette nomination est source de bouleversements. Le fait est qu'en 67 ans, le festival n'a connu (bien qu'élus pour des mandats de trois ans renouvelables) que quatre présidents. Et l'inaltérable Gilles Jacob, 83 ans, nommé délégué général en 1977 et président en 2001, a donné le sentiment que le poste était à vie. Le président, non rémunéré, représente le festival, définit sa stratégie, son évolution, gère un budget d'environ 20 millions d'euros, dont la moitié de fonds publics... «C'est le n°1, quoi», soupire Gilles Jacob. Salarié du Festival, ne pouvant être démi de ses fonctions que par le vote du conseil d'administration, le délégué général, lui, est chargé de la programmation artistique et de l'organisation du festival à proprement parler.