«Omar est un film hautement engagé, avec absence totale de discours politique hormis un seul, celui de l'avocate israélienne d'Omar (Yael Lerer): 'Il n'y a pas de solution tant qu'il y a l'occupation''.» La journaliste et écrivaine Rita Bassil sur Orient XI. Après l'Algérie depuis des années, l'Iran, il y a une année, les Oscars, la compétition la plus relevée dans le cinéma mondial, ouvrent la voie à d'autres nations arabes. C'est le cas pour l'Egypte, mais surtout pour la Palestine qui entre pour la première fois de son histoire dans la sélection très fermée des Oscars. Même Eila Souleiman qui a été nominé à plusieurs reprises à Cannes, n'a pas eu ce privilège. La publication de la liste des nominations pour les Oscars 2014 dévoilée le 16 janvier a ainsi marqué, la présence de deux réalisations arabes, le film palestinien Omar dans la catégorie du Meilleur film en langue étrangère, et The Square de l'Egyptienne Jehane Noujaim dans la catégorie Meilleur documentaire. Omar, le retour de Hany Abou Assad, lauréat du Prix Un certain regard au Festival de Cannes 2013, est nommé dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère aux côtés de: La Chasse de Thomas Vinterberg (Danemark), Alabama Monroe de Felix Van Groeningen (Belgique), L'image manquante de Rithy Panh (Cambodge) et La grande bellezza, de Paolo Sorrentino (Italie). Un équilibre entre cinéma de genre et efficacité, avait écrit Télérama, et considéré comme le «meilleur thriller de l'année» pour Rue 89. Le dernier film de Hany Abou Assad qui a largement été salué par les critiques avait été présenté en novembre à Alger dans le cadre des Journées du film méditerranéen organisées par l'Aarc. Le réalisateur qui s'est rendu célèbre pour son film Paradise Now, marque son retour avec Omar, un film qui replonge dans l'univers complexe du quotidien palestinien. Il raconte l'histoire d'Omar qui vit en Cisjordanie, qui est habitué à déjouer les balles des soldats et qui franchit quotidiennement le mur qui le sépare de Nadia, la fille de ses rêves et de ses deux amis d'enfance, Tarek et Amjad. Les trois garçons ont décidé de créer leur propre cellule de résistance et sont prêts à passer à l'action. Leur première opération tourne mal. Capturé par l'armée israélienne, Omar est conduit en prison. Il est relâché contre la promesse d'une trahison. Comme pour Paradise Now, Hany Abou Assad pose la problématique du combat pour la dignité et l'honneur de la Palestine. Le film et le réalisateur ne sont pas très appréciés dans les milieux islamistes du Hamas, car il présente le combat pour la libération de la Palestine comme un combat idéologique et pas comme un combat militaire et résistant contre l'occupant, l'Etat hébreu. Certains critiques arabo-pro-palestiniens n'apprécient pas le traitement à peine lisse de l'armée israélienne, l'absence d'extrémisme religieux et surtout l'image négative accordée aux mouvements djihadistes palestiniens. En revanche, la critique belge et française ont salué sa nomination aux Oscars. Il faut dire surtout que ce film n'est pas palestinien dans son financement, puisque le montage est européen et qatari. L'autre nominé arabe en lice pour l'Oscar du Meilleur documentaire en 2014, le film égyptien Al Maydan (The Square), de la cinéaste égyptienne Jehane Noujaim qui a été primé aux festivals de Toronto (Prix du meilleur documentaire) et de Sundance 2013 (Prix du public), La 86ème cérémonie des Oscars aura lieu le 2 mars prochain et verra Inchallah la consécration d'un des deux nominés arabes. [email protected]