Montreux attend la Conférence sur la Syrie rendue caduque par l'absence de l'Iran, l'une des principales puissances régionales L'exclusion de l'Iran a sauvé in extremis la tenue aujourd'hui de la Conférence de paix Genève 2, mais Moscou considère qu'il s'agit d'une «erreur» et Téhéran annonce par avance un échec des discussions en son absence. Lundi soir, l'hôte de la conférence qui s'ouvre aujourd'hui à Montreux, le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, a dû se rétracter et retirer l'invitation de dernière minute qu'il avait adressée à l'Iran, devant les protestations des Occidentaux et la menace de la délégation de l'opposition syrienne de boycotter la réunion. Téhéran a exprimé sa déception de ne pas être associé à la Conférence. «Tout le monde sait que sans l'Iran, les chances de parvenir à une vraie solution en Syrie ne sont pas si grandes», a commenté le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi. Washington, Londres et Paris, qui souhaitent le départ du président Bachar al-Assad, avaient fait d'un soutien iranien à une transition démocratique une condition sine qua non de sa présence en Suisse. Téhéran est accusé de soutenir militairement et financièrement le régime syrien dans le conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011. Autre soutien de Damas, la Russie, qui s'était concertée la semaine dernière à Moscou avec les chefs de la diplomatie syrienne et iranienne, a réagi sobrement. «C'est bien sûr une erreur», a déclaré à la presse Sergueï Lavrov. «Nous avons toujours souligné que tous les acteurs extérieurs devaient être représentés», a-t-il ajouté. Le ministre iranien des Affaires Etrangères Mohammed Javad Zarif a déploré le manque de «courage» de M.Ban. M.Lavrov, a quant à lui, critiqué les explications données pour son revirement: «Quand le Secrétaire général de l'ONU a dit qu'il était contraint d'annuler son invitation à l'Iran parce que l'Iran ne partage pas les principes du règlement inscrits dans le communiqué de Genève (de juin 2012, Ndlr), c'est à mon avis une phrase assez retorse». «Ceux qui ont exigé que l'on annule l'invitation de l'Iran sont ceux qui affirment que la mise en oeuvre du communiqué de Genève doit aboutir à un changement de régime» en Syrie, a déclaré M.Lavrov. «C'est une interprétation malhonnête de ce dont nous avons convenu à Genève en juin 2012», a-t-il poursuivi. Cette polémique, avant même la réunion de la Conférence, souligne la fragilité du processus engagé. L'invitation écrite lancée par M.Ban Ki-moon à une trentaine de pays affirme explicitement que le but de la conférence est la «mise en place d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs», comme l'avait préconisé Genève 1. Pour ne pas avoir à faire marche arrière, il n'est en principe pas prévu que la réunion de Montreux adopte une nouvelle résolution, indique-t-on de source diplomatique européenne, M.Ban se limitant en fin de soirée (de soir) à faire une synthèse des interventions devant la conférence. A l'abri du Montreux Palace, siège de la Conférence, interdit d'accès à la presse, il devrait surtout y avoir de nombreuses discussions discrètes pour préparer la réunion vendredi à l'ONU, à Genève, impliquant uniquement les deux délégations syriennes et l'émissaire spécial de l'ONU Lahkdar Brahimi. Hier soir M.Lavrov devait d'ailleurs s'entretenir à Montreux avec le secrétaire d'Etat John Kerry. M.Ban Ki-moon, arrivé hier matin à l'ONU à Genève, a notamment tenu une réunion avec la diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashbton et M.Brahimi.