La Conférence internationale sur la Syrie dite Genève II, destinée à trouver une solution politique à près de trois ans de guerre, doit s'ouvrir mercredi à Montreux (Suisse) sur fond de divergences entre les protagonistes de la crise concernant l'avenir du pays. Prévue à partir du 22 janvier, la conférence de Genève II doit réunir les délégations du gouvernement syrien et de l'opposition dans un climat d'opposition des perceptions des uns et des autres sur des questions de fond, principalement celle de la transition politique en se referant aux principes de la conférence du 30 juin 2012, dite Genève I. Les Etats membres du Groupe d'action sur la Syrie, réunis le 30 juin 2012 à Genève, s'étaient mis d'accord sur le principe d'un processus de transition politique dirigé par les Syriens, mais sans se prononcer sur l'avenir politique du président syrien Bachar Al-Assad. "L'organe du gouvernement transitoire exercera les pouvoirs exécutifs. Il pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l'opposition et d'autres groupes et doit être formé sur base d'un consentement", avait alors indiqué l'ancien émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan. L'opposition syrienne, qui se divise de plus en plus, a mis comme "condition préalable" le départ du président al Assad. Le président de la Coalition de l'opposition Ahmad Jarba a affirmé que les discussions prévues à Genève avaient "comme unique but de satisfaire les demandes de la révolution (...) et avant tout de retirer au boucher (al Assad, NDLR) tous ses pouvoirs". Pour sa part, le président syrien a dénié toute représentativité à l'opposition de l'extérieur dans la période de transition, estimant qu'elle était "fabriquée" par les services de renseignements étrangers. Il a souligné que la première priorité de la Conférence de Genève II, doit être "la lutte contre le terrorisme", tout en affirmant qu'il y avait de "fortes chances" qu'il soit candidat à un nouveau mandat en juin. "Je considère que rien n'empêche que je me porte candidat (...) et si l'opinion le souhaite, je n'hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu'il y a de fortes chances que je me porte candidat", a-t-il déclaré. L'Iran écarté de Genève II Lundi soir, l'hôte de la conférence qui s'ouvre mercredi à Montreux, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a dû se rétracter et retirer l'invitation de dernière minute qu'il avait adressée à l'Iran, devant les protestations des Occidentaux et la menace de la délégation de l'opposition syrienne de boycotter la réunion, et justifiant cette décision par le refus iranien de soutenir un gouvernement de transition en Syrie. L'Iran a regretté mardi que l'ONU ait retiré "sous la pression" son invitation à Genève II. "Nous regrettons que le secrétaire général Ban Ki-moon ait retiré son invitation sous la pression", a déclaré son chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif. "Tout le monde sait que sans l'Iran, les chances (de parvenir à) une vraie solution en Syrie ne sont pas si grandes", a souligné le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi. "Il est clair qu'une solution globale à la question syrienne ne pourra être trouvée si toutes les parties influentes ne sont pas impliquées dans le processus", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui souhaitent le départ du président Bachar al-Assad, avaient tous trois fait d'un soutien iranien à une transition démocratique une condition sine qua non de sa présence en Suisse. Pour sa part, la Russie a qualifié la décision du retrait de l'invitation faite à l'Iran pour faire part à Genève II "d'une erreur". "Nous avons toujours souligné que tous les acteurs extérieurs devaient être représentés", a signalé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. M. Lavrov a critiqué les explications données par M. Ban pour son revirement, disant que "quand le Secrétaire général de l'ONU a dit qu'il était contraint d'annuler son invitation à l'Iran parce que l'Iran ne partage pas les principes du règlement inscrits dans le communiqué de Genève I, c'est à mon avis une phrase assez retorse". "Ceux qui ont exigé que l'on annule l'invitation de l'Iran sont ceux qui affirment que la mise en oeuvre du communiqué de Genève doit aboutir à un changement de régime" en Syrie, a déclaré le ministre russe, soulignant que "c'est une interprétation malhonnête de ce dont nous avons convenu à Genève en juin 2012". Les Etats-Unis ont, quand à eux, salué la décision de Ban Ki-moon de retirer son invitation à l'Iran à Genève II. Par ailleurs sur le terrain, l'armée syrienne regagne de plus en plus de contrôle des régions prises par les rebelles, tandis que l'opposition souffre d'une division sans précédant dans ses rangs, principalement depuis le début de l'année en cours, quant des combats continuaient a faire rage entre les rebelles et les éléments de l'Etat islamique de l'Irak et de Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda). Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, plus de 1.100 personnes ont été tuées dans ces combats dans les provinces du nord du pays.