Les protestataires affirmaient tous être détenus et condamnés arbitrairement, tandis que certains exigeaient soit la tenue de leur procès soit d'être rejugés. Plusieurs dizaines de détenus de la maison d'arrêt de Béjaïa ont entrepris, hier, une action de protestation à l'intérieur même de l'enceinte pénitentiaire pour exiger essentiellement l'application de la grâce présidentielle décidée récemment sur leur cas. Profitant de la baisse de vigilance de gardiens ou, pour les plus pessimistes, d'une «complicité avérée», une vingtaine de détenus ont soigneusement préparé leur plan d'action qu'ils ont mis à exécution hier matin. Le premier groupe a commencé à agir dès 10h , affirment certaines sources au sein même des détenus, puisque les journalistes locaux ont été autorisés, en fin d'après-midi, à discuter avec les protestataires. Ces derniers, une fois sur les toits, ont aidé d'autres détenus à les rejoindre, au moyen de cordes. Là-haut, ils ont alors commencé à scander des slogans faisant ressortir leurs revendications sur fond de «Ulac smah ulac», «Pouvoir assassin». Les protestataires affirmaient tous être détenus, et condamnés arbitrairement, tandis que certains exigeaient soit la tenue de leur procès soit encore d'être rejugés car, estiment-ils, «leur premier procès a été bâclé». Cela en sus des conditions de détention et au-tres griefs portés à l'endroit des services de la prison. Mais tous exigeaient l'application de la mesure de grâce présidentielle. Une mesure dont certains prisonniers ont bénéficié. Or, affirment certains commentaires, tous les prisonniers relèvent des cas de condamnation pour trafic de drogue et de vol qualifié. Des condamnations qui se décelaient facilement dans les propos des protestataires dont certains criaient à qui voulait les entendre qu'ils sont là depuis dix ans ou encore seront là pour cinq ans. La police, qui est arrivée immédiatement sur les lieux, a procédé au bouclage du quartier. Parallèlement, le procureur général, le président de la cour de Béjaïa et des officiers de la sûreté de wilaya ont engagé des pourparlers avec les mutins. Des pourparlers, qui avançaient difficilement car les protestataires ont, entre-temps, entrepris de jeter du haut du toit de la prison des morceaux de toit et de briques sur les policiers qui quadrillaient la maison d'arrêt. Ces derniers restaient imperturbables devant l'ordre reçu de ne pas répliquer. A un moment, on craignait le pire lorsque des ambulances et autres véhicules quittaient la prison. Rens-eignements pris, il s'agissait d'une mesure de précaution nécessaire en de pareilles circonstances. Vers la fin de l'après-midi, les pourparlers commençaient à porter leurs fruits. Des premiers détenus commençaient à se rendre. Ce qui encourageait les autorités judiciaires, à leur tête le procureur général, à redoubler d'ingéniosité pour parvenir aux environs de 17h au but final : le dernier des détenus venait, en effet, de descendre du toit de la prison. Sur ce, un mouvement de policiers s'enclenchait signifiant la fin de l'opération qui a tenu en haleine toute la population de Béjaïa durant toute la journée d'hier. Notons que c'est la première fois qu'une action de ce genre est entreprise dans la prison de Béjaïa. Cette maison d'arrêt, conçue initialement pour 200 pensionnaires, dans la réalité, en compte plus, allant jusqu'à atteindre le chiffre de 400 prisonniers. On laisse entendre que parmi les mutins, il y a des détenus lourdement condamnés. Leur action serait justifiée par le fait qu'ils n'aient pas été concernés par la grâce présidentielle. Le point de presse qui sera animé aujourd'hui par le procureur général nous en apprendra davantage sur cette affaire.