Des classes vides, ce sont 8 millions d'élèves qui trinquent Selon certains syndicats, cette grève est une manière de dénoncer les méthodes indignes du ministère de l'Education. Les syndicats jubilent, le ministre de l'Education se tait. Hier, les deux parties se livraient une guerre des chiffres à distance. Si le département de Baba Ahmed a ignoré ce mouvement de grève, les syndicats de l'éducation en revanche, ont avancé un taux de 63,64%. Qui croire? Entre zéro et l'infini, la marge de manoeuvre est très grande. Entre-temps, ce sont huit millions d'élèves qui trinquent. Selon toujours les syndicats «les enseignants ont répondu massivement au mot d'ordre de grève». Les trois syndicats autonomes l'Unpef, le Snapest et le Cnapest qui ont appelé à observer une grève de deux jours reconductibles, a bel et bien eu lieu hier. Selon un communiqué du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), «le taux national de suivi de la grève, relevé hier avant midi était de 63,64%». Le pourcentage le plus élevé du suivi a été enregistré dans la wilaya de Tipasa avec 85%, suivi d'Oran avec 78%, 72% à Mostaganem, 77% à Tamanrasset, 73% à El Bayadh, 65% à Tiaret, 61% à Adrar, et 20% et 50% dans le reste des wilayas telles que Djelfa, Naâma, Tizi Ouzou, Jijel, Constantine, Mila, Sidi Bel Abbès, Mascara, Saïda, Tarf, El-Oued, Tindouf, Béchar. Des chiffres qui reflètent la réussite de leur action. Ledit document a précisé que «suite au mutisme tenu par la tutelle et l'incapacité de celle-ci à donner suite favorable aux revendications du syndicat, n'a pas laissé d'autre choix que de débrayer», tout en étant conscient des conséquences que cette grève puisse avoir sur l'enseignement des enfants. «Quel que soit le taux de suivi, l'impact est toujours très considérable sur la progression des programmes scolaires», ajoute la même source. Le Snapest a usé par le biais du même document d'un ton menaçant, en disant que «tant qu'une politique salariale claire n'a pas été encore définie et tant que la justice sociale n'a pas été établie, la situation risque de perdurer dans le temps». Selon la même source, le syndicat s'est interrogé sur «le nombre de débrayages faudrait-il lancer pour qu'enfin les pouvoirs publics aient le courage et la sagesse de clore le dossier socioprofessionnel des fonctionnaires de l'éducation». Concernant la déclaration du ministre qui disait que les revendications des syndicats ont été satisfaites, le coordinateur national du Snapest, Meriane Meziane, contacté hier par téléphone, a indiqué qu' «il est vrai que le ministre a fait des promesses pour satisfaire nos revendications, mais jusqu'à aujourd'hui ces promesses ne sont pas finalisées par un calendrier de concrétisation». Chose qui n'a pas laissé, selon M.Meriane, d'autre issue au syndicat que le débrayage. Répondant aux voix qui se sont levées à propos d'une manipulation politique qui profite de cette période d'élection présidentielle, notre interlocuteur a ajouté que «c'est une vieille chanson». «C'est coutumier, à chaque fois qu'on essaye de faire une grève, des voix se lèvent pour dire qu'il y a une main étrangère qui gère notre action». Pour sa part, le coordinateur national du Cnapest, Larbi Nouar a annoncé hier à L'Expression que le syndicat a prévu une grève pour le 4 février prochain. «C'est une grève dans le but de dénoncer les méthodes indignes d'un haut fonctionnaire de l'Etat», a déclaré M. Larbi. Concernant les déclarations du ministre de l'Education selon lesquelles il aurait reçu les syndicats, notre interlocuteur a indiqué que «nous n'avons eu aucun contact avec la tutelle depuis le 29 décembre dernier». Quant au Conseil des lycées d'Alger (CLA), son porte-parole, Idir Achour, a déclaré qu' «après avoir pris acte des résultats de la consultation nationale qui a eu lieu au cours de la semaine écoulée, le conseil a décidé de maintenir une journée de protestation lors de la tenue de la tripartite au mois de février prochain». Une journée au cours de laquelle, le CLA, d'après son porte-parole M. Achour, va profiter pour dénoncer la détérioration du pouvoir d'achat, demander le changement de la valeur du point indiciaire, la révision du statut général de la Fonction publique, souligner la situation de pourrissement qui est en train de prévaloir dans le secteur de l'éducation et mettre la tutelle face à ses responsabilités en l'absence d'un dialogue et d'une volonté réels pour l'aboutissement de revendications légitimes. Avec ces grèves interminables, et le secteur qui peine à retrouver sa stabilité, ce dernier est loin de retrouver sa «prestigieuse place», tant espérée par le premier magistrat du pays. Face aux promesses non tenues par la tutelle, cette situation est partie pour durer encore un moment dont les seules victimes sont les élèves qui accusent une fois de plus des retards dans leur programme scolaire.