Un espoir pour les enfants, les principales victimes de ce conflit Cest une véritable prouesse qu'a réalisée le diplomate algérien Lakhdar Brahimi à Genève. Le gouvernement syrien Bachar al-Assad vient d'autoriser les femmes et les enfants assiégés depuis des mois dans le centre de Homs (centre) à quitter la ville immédiatement. Le 1er janvier dernier, il a fêté ses 80 ans et malgré cet âge avancé, Lakhdar Brahimi reste un diplomate chevronné, lucide et surtout conscient de la mission délicate que lui a assignée le plus important président de la planète: le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Lakhdar Brahimi pouvait donner des conférences sur «la diplomatie ouverte» dans les plus prestigieuses universités du monde, mais malgré cela, il s'est abstenu à poursuivre sa mission de faiseur de paix dans des zones arabes en conflit. Cette semaine, les médias internationaux n'avaient d'yeux que pour lui. «Le diplomate algérien» était devenu la star des principales chaînes d'information en continu et les journaux télévisés voyaient en lui l'espoir du règlement du conflit syrien. Pour préparer la conférence de Genève, Lakhdar Brahimi avait, dès l'automne dernier décidé de déménager ses bureaux, de s'installer dans la cité helvétique et de préparer la conférence de Genève. Pour parer au règlement de la crise d'un pays arabe déchiré, il fallait confier la mission à un diplomate qui connaît réellement les racines du mal. L'échec de l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, contraint de jeter l'éponge, a conforté la position de Brahimi qui croit que l'arrivée d'une solution c'est de mettre autour de la même table les délégations syriennes, représentant le régime et celle de la rébellion. La rencontre entre les deux camps à la conférence Genève II a été montée comme une pièce théâtrale avec plusieurs actes. Discuter avec les délégations séparément pour les convaincre, chacun à son tour, de s'asseoir autour de la même table. Dans le deuxième acte, elles sont entrées par des portes différentes et ont mis leurs rancoeurs de côté pour s'asseoir face à face. Les émissaires du président syrien, Bachar al-Assad et de l'opposition examinent à Genève le problème des milliers de prisonniers et de disparus du conflit syrien. Le médiateur de l'ONU qui tentait d'obtenir la libération d'enfants, de femmes et des plus âgés. Les négociateurs en chef et leurs équipes ont discuté pendant plus de deux heures dans le même salon que la veille pour une deuxième journée de négociations. Comme samedi dernier, les deux délégations sont assises à la même table, mais se parlent par Lakhdar Brahimi interposé. Finalement le médiateur de l'ONU avait annoncé samedi soir, après le premier round de négociations que la question des prisonniers et des disparus serait au menu des discussions. Finalement, le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad a autorisé les femmes et les enfants assiégés depuis des mois dans le centre de Homs (centre) à quitter la ville et le médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi, s'est dit d'ailleurs «content» du déroulement des négociations à Genève sur le conflit syrien et a loué le «respect mutuel» dont font preuve les délégations du régime syrien et de l'opposition. Mais la libération des enfants et femmes ne sera pas suffisante pour la rébellion. L'opposition a indiqué hier avoir présenté «des listes de dizaines de milliers de prisonniers dans les prisons du régime». «S'il y a un échange, les femmes, les enfants et les plus vulnérables sont la priorité», a déclaré Monzer Aqbiq, porte-parole de la délégation de l'opposition. Pour sa part, le régime a assuré vouloir gérer cette question «sans discrimination». «Il y a aussi des milliers de personnes enlevées, (par les rebelles ou les jihadistes), certains ont disparu depuis deux ans et demi et il n'y a pas de trace d'eux», a rappelé le ministre syrien de l'Information, Omrane Zoghbi. L'opposition, engagée dans des combats avec les groupes jihadistes, refuse de s'engager sur la libération de prisonniers qu'elle ne détient pas. Depuis que le mouvement de contestation de mars 2011 a tourné à la guerre civile sanglante avec plus de 130.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés, le phénomène des prisonniers et des disparus s'est amplifié. Il n'existe pas de chiffres exacts, mais l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), une ONG en pointe dans le conflit syrien, évoque 17.000 disparus et des «dizaines de milliers» de prisonniers dans les prisons du régime. L'Osdh évoque également des milliers de personnes enlevées ou prisonnières des groupes armés, notamment des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra, ainsi que de groupes rebelles. En décembre, la Commission internationale d'enquête des Nations unies pour la Syrie avait qualifié de «crime contre l'humanité» les disparitions forcées menées par l'armée, la police et les services de renseignements syriens, évoquant une «tactique de guerre» des autorités de Damas et le recours systématique à la torture. Le Comité international de la Croix-Rouge n'a pu visiter aucune prison en Syrie depuis 2012. Le rapport s'appuyait sur le témoignage d'un photographe qui affirme avoir déserté la police militaire syrienne avec, en sa possession, une carte mémoire contenant environ 55.000 photos de 11.000 prisonniers morts en prison entre mars 2011 et août 2013. Samedi dernier, les deux délégations avaient parlé longuement de Homs et des quartiers rebelles de la ville bombardée quotidiennement par l'armée syrienne. Selon Lakhdar Brahimi, les deux parties ont trouvé un accord sur l'envoi de convois humanitaires à Homs. Et l'opposition a estimé que la demande faite à Damas constituait un «test» du sérieux du régime dans les négociations à venir.