Les représentants du gouvernement syrien et ceux de l'opposition se retrouvent dimanche à Genève pour une deuxième journée de pourparlers directs axés sur la question des prisonniers et des disparus, toujours en présence du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi. Lors d'un premier face à face de trois heures samedi, les deux protagonistes ont discuté de la situation dramatique à Homs, assiégée depuis près de dix mois, avec un objectif : favoriser l'acheminement sans plus de retard d'une aide alimentaire et médicale. M. Brahimi, a estimé qu'il s'agissait d'un "bon début dans les négociations", tout en reconnaissant "ne pas avoir obtenu beaucoup de résultats". "La situation est très compliquée. Nous ne faisons pas des pas mais des demi pas", a déclaré le médiateur onusien, à l'issue de la rencontre, tout en précisant que la question de prisonniers, disparus et civils enlevés en Syrie serait évoquée dimanche par les délégations. Louai Safi, un porte-parole de la Coalition de l'opposition et membre de la délégation à Genève, a estimé que la question humanitaire à Homs constituait un "test de la bonne volonté du camp d'en face". "Si le régime n'ouvre pas des corridors pour des gens qui meurent de faim, cela veut dire que le régime veut une solution militaire et non pas de solution politique", a-t-il dit. "Nous avons des sentiments mitigés", a annoncé, de son côté, Anas al-Abdé, un des négociateurs de l'opposition à l'issue de la réunion. "Nous espérons qu'au final, des convois d'aide, avec de la nourriture et des médicaments, seront autorisés à entrer dans la vieille ville", avait déclaré Lakhdar Brahimi. Dès ce dimanche, des convois pourraient être autorisés à gagner les quartiers rebelles. Le médiateur a fait état de discussions en cours avec les autorités de la ville mais le gouvernement n'a pas encore réagi à ce sujet. Lakhdar Brahimi a également évoqué la situation des nonnes enlevées à Maloula, ainsi que des deux évêques ayant connu le même sort, et plus généralement des centaines, peut-être des milliers de personnes qui ont disparu, ou ont peut-être été kidnappées. Genève I prochainement au menu des discussions Les négociations auraient dû commencer vendredi, mais l'ONU et les parties syriennes avaient perdu une journée après le refus de l'opposition de s'asseoir à la même table que le gouvernement tant que ce dernier n'aurait pas accepté ce qui constitue une ligne rouge pour l'opposition et les Occidentaux : la reconnaissance par le régime du principe d'un "organe" de transition conformément au texte adopté en 2012 lors de la conférence de Genève I. Après d'intenses discussions avec les deux délégations, Lakhdar Brahimi avait finalement convaincu les protagonistes d'être présents samedi. Damas et opposition divergent sur l'interprétation de Genève I : les opposants au président Bachar al-Assad réclament que celle-ci implique nécessairement son départ, tandis que Damas rejette cette idée et parle d'un gouvernement d'union. L'opposition affirme que les négociations politiques sur Genève I se dérouleront lundi et mardi. "Le motif de notre présence n'est pas d'ouvrir un corridor ici ou là, il est de parler de l'avenir de la Syrie", a souligné M. Safi. Sur le terrain, les violences ne connaissent pas de répit. L'armée syrienne a mené samedi des raids aériens sur des zones rebelles dans les provinces de Damas et d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.