Le gouvernement «technocrate» regroupe aussi bien des hauts fonctionnaires, des magistrats que des personnalités venues du privé. Quelques heures après l'adoption dans l'euphorie de la nouvelle Constitution tunisienne, le Premier ministre, Mehdi Jomaâ, a donné la composition, dans la soirée de dimanche, de son gouvernement formé essentiellement de hauts cadres de l'administration, de la magistrature et du secteur privé. L'adoption de la Constitution après deux longues années de tergiversation, conjuguée à l'annonce du nouveau gouvernement «apolitique» de Mehdi Jomaâ, ouvrent pour la Tunisie une nouvelle ère, trois ans après la «Révolution» partie de Sidi Bouzid. Mais c'est vers le gouvernement de Mehdi Jomaâ que les regards se tournent désormais qui aura à conduire la Tunisie vers des élections législatives et présidentielle en 2014. Les islamistes d'Ennahda ont en effet accepté de quitter le pouvoir pour laisser un cabinet apolitique sortir la Tunisie de la profonde crise déclenchée par l'assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, du député d'opposition Mohamed Brahmi en juillet. Le nouveau gouvernement, qui doit recevoir dans le courant de la semaine la confiance de la constituante, a été composé par le ministre de l'Industrie sortant, Mehdi Jomaâ. Choisi mi-décembre, la classe politique aura mis six semaines à s'accorder pour lui laisser les rênes. «J'ai formé ma liste sur la base de trois critères: la compétence, l'indépendance et l'intégrité», a-t-il dit, après avoir remis la liste des ministres au président Moncef Marzouki. Ce cabinet est «une équipe extraordinaire qui a conscience des défis», a-t-il ajouté, «la mission n'est pas facile», la Tunisie étant sans cesse déstabilisée par l'essor de jihadistes, les batailles politiques et les conflits sociaux, déjà moteur du soulèvement de 2011. Le gouvernement regroupe aussi bien des hauts fonctionnaires, des magistrats que des personnalités venues du privé. Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a par ailleurs été maintenu, bien que ses détracteurs aient lutté jusqu'au bout pour qu'il quitte ses fonctions. M. Jomaâ a souligné enfin que «les élections représentent la priorité des priorités». A ce titre, les travaux de l'ANC ne sont d'ailleurs pas finis, une législation électorale devant encore être adoptée. Par ailleurs, le gouvernement devra faire face à une situation économique très difficile, la croissance restant en berne et le chômage très élevé notamment en raison de l'incertitude et de l'instabilité dans le pays depuis 2011. Des vagues de violences, nourries par la misère, éclatent régulièrement. La Tunisie, berceau du Printemps arabe, a cependant réussi jusqu'à présent à ne pas basculer dans le chaos.