Le principal parti de l'opposition sud-africaine, l'Alliance Démocratique (DA), a annoncé hier un accord avec la petite formation Agang de l'intellectuelle noire Mamphela Ramphele pour affronter l'ANC, le parti dominant, aux prochaines élections générales. «Mme Ramphele a accepté d'être notre candidate à l'élection présidentielle», a annoncé Helen Zille, la présidente de la DA, lors d'une conférence de presse au Cap. Les élections présidentielle et législatives en Afrique du Sud sont prévues au deuxième trimestre, peut-être en avril, la date exacte n'ayant pas encore été annoncée. Avant même de fonder Agang en 2013, Mme Ramphele, une ancienne directrice de la Banque mondiale qui fut la compagne du héros de la conscience noire Steve Biko (1946-1977), avait engagé des pourparlers infructueux avec la DA. Depuis et malgré de nombreux visites de terrain à la rencontre des populations, Agang n'a pas réussi à décoller dans les sondages, a rencontré des problèmes financiers et plusieurs de ses lieutenants ont claqué la porte récemment, selon les médias locaux. L'opposition n'a pratiquement aucune chance de battre l'ANC au pouvoir depuis 1994 mais, conjuguée à l'abstentionnisme, elle pourrait faire chuter le parti de Nelson Mandela sous la barre des 60% pour la première fois. Pour l'Alliance Démocratique, taxée de parti de Blancs par l'ANC même si elle a plusieurs têtes d'affiches noires comme Lindiwe Mazibuko, chef du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, ou Mmusi Maimane, candidat au poste de chef de gouvernement provincial dans la région de Johannesburg-Pretoria, Mme Ramphele est une alliée intéressante. Face à l'ANC, elle incarne une opposition noire et intellectuelle, et représente ceux qui ont lutté contre l'apartheid sans faire partie de l'ANC. Elle pourfend régulièrement les dérives de l'actuel ANC, l'état désastreux du système de santé public ou l'attribution de logements sociaux sur des bases clientélistes ou corrompues.