Le recul de certainEs grosses pointures de la politique a ouvert l'appétit aux candidats indépendants qui espèrent saisir leur chance pour se placer dans cette présidentielle Jamais l'Algérie n'avait connu un tel découpage pour une élection présidentielle. Plus de 85 postulants à la candidature pour la présidentielle du 17 avril prochain, dont 67 indépendants et 18 chefs de partis, ont retiré les formulaires de souscription pour la présidentielle 2014. Des chefs de partis nouvellement créés ou qui n'ont pas eu de chance aux législatives de 2012, espèrent saisir leur chance pour l'élection de 2014. Ainsi, aucune grosse cylindrée de la politique nationale et représentée à l'APN, n'a officiellement présenté son candidat. Ni le patron du RND, ni le chef du MSP, ni encore moins le secrétaire national du FFS ou le jeune président du RCD, et les autres leaders des partis comme El Adala, Ennahda et Islah n'ont souhaité entrer dans l'aventure de l'élection présidentielle 2014. Seuls le PT et le FNA, l'aile gauche de l'opposition, ont présenté leur candidat, sans trop d'illusion. Cette situation d'abandon de la politique a laissé le terrain à des candidats anonymes, des outsiders et des opportunistes de présenter leur candidature et espérer décrocher la place tant convoitée de candidat officiel de l'élection présidentielle 2014. Au-delà des ambitions politiques des uns et des espoirs de changement des autres, cette élection constitue pour certains candidats un tremplin pour arriver à une nouvelle étape dans leur carrière. C'est le cas pour les responsables des nouveaux partis créés au lendemain des élections législatives de 2012, comme l'ancien SG de l'Unea, Abdelaziz Belaïd, président du Front El Moustaqbal, Mohamed Benhamou du parti El Karama et Soufiane Djilali, président de Jil Jadid. Les autres candidats indépendants ayant affiché leur intention de participer à l'élection présidentielle, participent pour la première fois, c'est le cas de l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour (1999-2000), le romancier Mohamed Moulessehoul (Yasmina Khadra), l'ancien ministre délégué au Trésor (1991-1992), Ali Benouari (vivant en Suisse), ainsi que le juriste et ancien parlementaire, Sadek Tamache, Mohamed Hamani, ancien militant du FLN, le général à la retraite Mohand-Tahar Yala et deux candidats vivant en France, Rachid Nekkaz et en Angleterre, Benkoussa Kamel. Loth Bonatero qui avait déjà postulé pour l'élection de 2009, mais s'est retiré faute de récolter les 75 000 signatures à l'époque, est candidat pour la deuxième fois. En revanche, Ali Fawzi Rebaïne du parti AHD 54 et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), avaient déjà passé le cap des signatures et participé aux élections de 2004 et 2009. Alors que Moussa Touati du Front national algérien (FNA) participe à sa deuxième élection présidentielle après celle de 2009. C'est le cas également pour l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, candidat malheureux de la présidentielle de 2004. Mais à côté de ces politiques chevronnés, il y a les politiciens amateurs ou les opportunistes de la politique qui espèrent profiter de cette élection pour se faire connaître et surtout s'illustrer dans une scène politique morose et figée. Ils sont 67 candidats indépendants. On retrouve tous les métiers, mais pas ceux qu'on attendait pour briguer le poste de premier magistrat du pays: écrivain public, entrepreneur, professeur de lycée, vendeur de fruits et légumes, peintre, sage- femme. Au-delà des métiers, ces candidats ne possèdent aucune culture politique et encore moins une force de communication pour convaincre les citoyens de signer pour eux. D'où la création d'un véritable business pour la récolte des signatures. Cela varie, selon certaines sources, entre 300 et 500 DA le lot des 60.000 signatures et peut atteindre les 300 millions. Aucun contrôle n'est effectué sur la provenance de ces signatures. Les postulants à la candidature de 2014 sont conscients de cette lourde mission et possèdent 40 jours pour le dépôt de leurs dossiers, selon les dispositions de l'article 137 de la loi organique relative au régime électoral. À plus d'un mois et demi du début de la campagne électorale (23 mars) et à un mois de la clôture du dépôt des dossiers de candidature, seuls les leaders des plus importants partis et certaines grosses pointures de la scène politique qui auront la chance d'être dans la «short-list» pour l'élection présidentielle 2014. Le reste c'est pour le cinéma.