Le Parlement s'est distingué lors de cette session, par sa passivité par rapport à ce qui s'est passé à Ghardaïa Le bilan catastrophique de l'APN a poussé le groupe parlementaire du FFS à boycotter la cérémonie de clôture de la session d'automne. Comme toutes les sessions du Parlement de ces dernières mandatures, le bilan de la session d'automne, clôturée hier, est plus que mitigé. A part l'adoption des textes proposés par le gouvernement, comme une lettre à la poste, confortant le statut de chambre d'enregistrement de l'APN, les députés, notamment de la majorité, n'ont fait preuve d'aucun acte à même de sauver leur honneur. Le projet de révision de la Constitution qui a fait couler beaucoup d'encre, n'a finalement même pas atterri dans l'hémicycle. Promis par le chef de l'Etat lors de son discours du 15 avril 2011, le projet semble avoir été abandonné, du moins, il n'est plus réalisable avant l'élection présidentielle du 17 avril prochain. Le bilan et la politique générale du gouvernement, pourtant stipulé dans la Constitution, n'ont pas été présentés devant les parlementaires, dont la majorité ne trouve pas à redire. Même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait annoncé la présentation du bilan des trois mandats du chef de l'Etat (depuis 1999 jusqu'à 2014), au début de cette année a retiré son projet. Faute de temps ou peut-être de considération de la part de l'Exécutif au pouvoir législatif, le projet qui devait pourtant baliser le terrain à un 4e mandat de Bouteflika, a tout simplement été annulé. M.Sellal a préféré présenter ce bilan, par étapes, à l'occasion des ses sorties dans les différentes wilayas. Ainsi, le volet économique de ce bilan a été dressé devant les représentants de la société civile de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, tandis que le volet politique a été fait, quelques jours plus tard, à Skikda. Le Parlement s'est distingué également, lors de cette session, par sa passivité par rapport à ce qui s'est passé dans le pays, notamment les événement de Ghardaïa, considérés, hier, par le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, dans son discours de clôture, comme étant «semblable à tout différend qui naîtrait entre les membres d'une même famille.» Pourtant, l'APN aurait pu sauver la face, lorsqu'une proposition de résolution pour la création d'une commission d'enquête parlementaire sur ces événements a été introduite par les députés du FFS. Mais son bureau a rejeté cette proposition qui n'a pas émané du gouvernement. Au demeurant, la cérémonie de clôture de la session d'automne de l'APN, appelée aussi chambre basse (au sens propre) du Parlement, a été boycottée par les députés du FFS. «Le FFS boycotte la clôture pour protester contre le gouvernement qui refuse de présenter son bilan annuel, conformément à la Constitution», explique le chef du groupe parlementaire du parti, Chafaâ Bouaïche. Ce dernier ajoute que la décision a été prise pour protester également contre le bilan de l'APN qui «refuse de prendre en charge les propositions de lois, la programmation des questions orales, ainsi que la constitution d'une commission d'enquête sur les événements de Ghardaïa». Dans un communiqué rendu public pour expliquer les raisons du boycott, les parlementaires du FFS «considèrent que la fragilisation du Parlement vise à fragiliser l'Etat et affaiblir son autorité». «Le pouvoir est le principal responsable de cette situation», tranchent les députés FFS dans le même communiqué. Ce bilan plus que mitigé n'est, bien évidemment, pas partagé par les députés du FLN et du RND qui départagent la présidence des deux chambres. Le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, a présenté un bilan plutôt positif, qualifié de «satisfaisant», même si son discours était plutôt un discours de campagne pour un 4e mandat de Bouteflika. «Cette session s'est caractérisée par un bilan satisfaisant», a-t-il estimé, ajoutant, un peu plus loin dans son discours, que l'APN «a connu durant cette session un débat libre où tous les points de vue ont été exprimés, sans exclusive, par les 26 partis qui y sont représentés, outre les indépendants». Quoi qu'il en soit, les parlementaires, grassement payés, entament à partir d'aujourd'hui un congé d'un mois en attendant l'ouverture de la session de printemps, début mars prochain. Un congé qui n'est que le prolongement d'un «mandat chômé et payé».