Le premier coup n'avait pas porté. Amar Saâdani en a rajouté un second. Et là ça a pris. Toute la presse, ou presque, a relayé, hier, son message publié par un média. Comme un coup de sifflet où tout le monde se met en rang et en ordre parfait. Pour quelle cause? Saâdani défend sa «croûte». Il reproche au général-major Toufik, patron du DRS, d'outrepasser ses prérogatives en s'immisçant dans les affaires du FLN. Il l'accuse même d'être «impliqué dans (une) tentative de déstabilisation du parti et de son secrétaire général». C'est-à-dire lui, Amar Saâdani. C'est le coeur du message. Le reste est un habillage de séquences du passé que Saïdani redécouvre sur le tard en y mettant son interprétation. Toutes ces séquences, voulues par le secrétaire général du FLN comme autant de griefs, auraient dû, selon lui, pousser le général «Toufik à démissionner». En d'autres termes, Saâdani veut dégommer celui qui cherche à le déboulonner. Sauf que la procédure suivie, qui consiste à recourir à la rue, n'en est pas une. Le général Toufik est un responsable à l'intérieur d'une institution républicaine. C'est par elle qu'il a été désigné au poste qu'il occupe. C'est à elle que Saâdani aurait dû adresser sa plainte. Par des voies et moyens qui n'échappent pas au secrétaire général du principal parti politique du pays et qui n'ont rien à voir avec la méthode qu'il a utilisée. Pour plusieurs raisons. La première étant le respect dû aux institutions de la République. Vient ensuite cette menace, supplémentaire en ces temps troubles, qu'une telle prise de bec fait peser sur la stabilité du pays. D'ailleurs, le résultat ne s'est pas fait attendre. Beaucoup de médias, nationaux et étrangers, ont en fait, hier, leur une. Trop heureux, en ces temps de disette d'infos, de se mettre sous la dent une querelle «institutionnelle». Quant au triste effet sur l'opinion publique, mieux vaut ne pas trop en parler. Il n'est jamais confortable de ne pas faire comme tout le monde, pourtant, nous ne suivrons pas le mouvement général qui consiste à se positionner entre les deux protagonistes. Pour nous, la seule position qui vaille est la défense des intérêts supérieurs de la nation. De la cohésion nationale. De l'intégrité territoriale. De la stabilité. Il n'est ni dans les prérogatives ni dans les possibilités de quiconque, autre que l'institution militaire, de décider de la carrière d'un haut fonctionnaire qui en fait partie. Le recours aux médias, comme l'a fait Saâdani, est tout à la fois stérile et extrêmement dangereux. Nous sommes à la veille d'une échéance électorale, la plus importante dans la vie d'un pays. Nous sommes au milieu d'une multitude de conflits et de crises. Nous savons aussi que nos ennemis ne nous rateront pas si l'occasion leur est donnée. Que le secrétaire général du parti du FLN limoge autant de mouhafedhs qu'il voudra et qu'il pourra. Cela entre dans ses prérogatives. Il sera dans son rôle et devra s'en contenter. Et si pour se défendre d'attaques, dont il dit faire l'objet, il tente de mettre le feu à toute la «maison» Algérie, il en sera comptable devant la nation et devant l'Histoire. Non, M.Saâdani, vous ne pouvez pas accuser quelqu'un d'ingérence tout en vous ingérant vous-mêmes dans les affaires de l'institution dont il dépend. Non, M.Saâdani, vous ne devez solliciter l'opinion publique que pour ses mandats. Le moyen que vous avez utilisé est disproportionné au motif que vous évoquez. Non, M.Saâdani, vous êtes à la tête du principal parti politique du pays, n'allez pas chercher des solutions dans la rue. Les Algériens rêvent d'une République forte, d'un pays stable, doté d'institutions pérennes qui survivent aux hommes. Nous sommes dans cette trajectoire. Vous ne pouvez pas, ne devez pas désillusionner tout un peuple. Ressaisissez-vous. Ne nous donnez pas en spectacle. Le monde nous regarde!