Ils ont délaissé les pistes qu'ils utilisaient auparavant pour tester de nouvelles routes. Une quantité de 19 kg de kif traité vient d'être saisie il y a quelques jours à Tlemcen. L'information aurait pu passer inaperçue et être banalisée dans la rubrique des faits divers. Seulement, cette prise vient confirmer le retour des barons de la drogue qui ont repris du service, malgré le démantèlement de plusieurs réseaux implantés le long de la bande frontalières s'étendant de Mécheria à Beni Saf. Ces derniers, qui avaient hiberné pour échapper aux rets des services de lutte contre les stupéfiants et le trafic de drogue, sont sortis de leur tanière ces derniers jours en utilisant d'autres voies de transit et d'autres itinéraires pour déjouer la surveillance des services de sécurité. Il y a quelques jours, une quantité importante de drogue avait été saisie dans la région de Laghouat. Cette localité, il n'y a pas longtemps épargnée, vient d'être propulsée à l'avant-scène avec son irruption dans le paysage de la drogue. Les barons, qui ont la faculté de s'adapter aux diverses situations, ont délaissé les pistes qu'ils utilisaient auparavant pour tester de nouvelles routes. Les pistes de Mécheria et Aïn Sefra dans la wilaya de Naâma, qui étaient utilisées par les convoyeurs de drogue depuis les frontières avec le Maroc, sont aujourd'hui «grillées» et ne constituent nullement des passages protégés pour les barons de la drogue. Le réseau de complicité qu'ils avaient réussi à tisser et qui leur assurait le « risque zéro » est tombé, et aujourd'hui, ils se retrouvent contraints à faire de la navigation à vue pour assurer leurs approvisionnements. La multiplication des saisies, ces derniers jours, trouve son explication dans le désarroi des barons qui, pressés par une demande grandissante, se découvrent en recourant aux services de convoyeurs «novices» qui, malgré le fait qu'ils ne soient pas connus des services de sécurité, un atout, font preuve de naïveté car manquant visiblement d'expérience. Il y a quelques jours, le tribunal d'Oran avait, en appel, prononcé six relaxes dans le cadre de l'affaire du réseau des six quintaux de drogue saisis, il y a deux ans. Pour rappel, 72 personnes avaient été poursuivies dans le cadre de cette affaire et 28 avaient été condamnées, par la justice, à des peines de prison ferme. Cette affaire constitue un grand coup porté aux réseaux de trafic international de drogue qui n'évoluent plus, depuis, en terrain conquis. Les prochains jours risquent d'être très durs pour les trafiquants de drogue qui, acculés, peuvent sortir en terrain découvert pour ne pas compromettre leur part dans le marché international.