La chanteuse brésilienne Renata Rosa a animé un spectacle jeudi soir à Alger dans l'esprit autochtone du genre traditionnel du Pernambuco (Etat de la région nord-est du Brésil), teinté d'influences africaines et amérindiennes. Artiste au caractère trempé, Renata Rosa, a étalé son savoir-faire d'instrumentiste et de chanteuse, à la salle Ibn Khaldoun, s'imprégnant des traditions ancestrales, dans lesquelles elle a introduit des sonorités africaines et des mélodies amérindiennes. Dans un brassage des genres qui a créé de belles passerelles culturelles, la chanteuse, vêtue d'une tenue traditionnelle aux allures et aux couleurs d'une Brésilienne indigène, a présenté de belles pièces de sa composition. Enchaînant entre autres chansons, Maltratar, Moreno, Zunido Damata et Maleva, l'artiste, à la chevelure épaisse et enturbannée, a très vite conquis le public, peu nombreux, dans un attrait naturel et spontané. Leonilsio «Pépé» Dasilva, à la guitare, Hugo Linns, à la basse et Helder Amendoïm, aux percussions, ont constitué une assise orchestrale de qualité, donnant la possibilité à Renata Rosa d'exprimer ses chants dans une ambiance survoltée. Le contenu des pièces présentées baignant dans l'authenticité, les musiciens, polyvalents, leur ont donné une forme esthétique relevée mêlant les dissonances du jazz au genre brésilien. Développant un travail scénique remarquable d'intelligence, l'artiste, chercheur, auteure et compositeur, a déclaré que ses chansons sont «attachées à la danse et à la poésie dans une interdépendance absolue». Par moments, surprenante et désinvolte, Renata Rosa, la Rabeca (violon traditionnel brésilien) contre le bras, jouant dans un élan festif, tape des pieds sur le plancher de la scène, la transformant en percussion. Faisant de son spectacle un véritable musée ouvert au public, l'artiste utilisait dans ses chansons des sonorités d'instruments traditionnels et anciens, à l'instar de la bandola (mandoline portugaise), le bage (long bâton qu'on frotte à l'aide d'une baguette) et de l'aïfa (cylindre en bronze). Les spectateurs, regrettant «des insuffisances dans la promotion de ces spectacles dans les relais médiatiques et autres supports publics», se sont délecté, donnant du répondant aux musiciens tantôt en se déhanchant et tantôt en reprenant les refrains. Renata Rosa s'emparant de la tradition populaire à travers le côco, (expression syncrétique des cultures africaine et amérindienne), est devenue une des artistes phares de la nouvelle génération des musiciens brésiliens. Ses principales sources d'inspiration sont la musique et la danse traditionnelles brésiliennes dont le maracatu rural, la samba de côco, le cavalo-marinho. Exerçant sa passion depuis 2003, Renata Rosa compte à son actif plusieurs enregistrements dont ceux réalisés en Europe, notamment Zunido Da Mata(2003), Manto dos Sanhos (2008) et son dernier opus Encontaçoes (2014). Les spectacles «Brasil rencontre El Bahdja», organisés par l'Etablissement Arts et Culture se poursuivent chaque fin de semaine, jusqu'au 20 février, avec au programme de vendredi la troupe Samba do Rosa et Nessma Flamenco.