«Parlez pour stopper l'engrenage de la fitna» D'après la secrétaire générale du PT, son appel n'est pas une manière de s'ingérer dans les prérogatives du Président. La situation de flou qui entoure la scène politique depuis ces dernières semaines, les déclarations intempestives du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani et les graves événements à Ghardaïa, interpellent le président de la République. «Parlez, M.le Président, parlez!», a tonné la secrétaire du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, hier, lors d'une conférence de presse qu'elle a animée au siège de son parti à Alger. «Parlez M.le Président pour que votre mutisme ne soit pas traduit comme étant une complicité. Parlez pour stopper l'engrenage de la fitna qui s'est mis en marche, car celui qui ne dit mot est consentant», a ajouté Mme Hanoune avec une grave tonalité empreinte d'urgence. «Je réitère mon appel au premier magistrat du pays à rompre le silence et à s'adresser à la population. Le Président continue à recevoir des responsables étrangers. Chose qui signifie qu'il est habilité à s'adresser à la population», a-t-elle insisté, non sans souligner que cet appel n'est nullement de nature à «s'ingérer ou à s'immiscer dans les prérogatives du chef de l'Etat». Evoquant les déclarations fracassantes de Saâdani, secrétaire général du FLN, sur le DRS, Mme Hanoune les a qualifiées d'attaques «féroces». «Après 50 ans d'indépendance, le pays a réussi à reconquérir une certaine souveraineté. Cette même souveraineté est aujourd'hui ciblée par le secrétaire général du FLN», s'est-elle indignée. Elle a jugé que personne ne peut se taire face à ces propos car ils ciblent l'unité nationale et la souveraineté du pays. Pour la secrétaire générale du PT, cette offensive contre l'Etat ne sera pas sans conséquences. Elle estime que le secrétaire général du FLN vient de donner du grain à moudre à toutes les organisations étrangères. En d'autres termes, estime-t-elle, Saâdani vient d'offrir une occasion inespérée aux ONG pour une ingérence directe dans nos affaires. Aussi, les propos contre le DRS sont perçus comme une invitaion pure et simple à ces ONG. «Ce n'est plus une affaire algéro-algérienne. Elle va ouvrir les portes pour enquêter sur les dossiers de Tibhirine, Tiguentourine et l'ONU», a-t-elle mis en garde. L'attaque verbale de Saâdani contre le corps de l'ANP va accélérer, selon Mme Hanoune, d'une manière «terrifiante, le processus poussant notre pays vers le chaos». Lors de la conférence, elle a rappelé au Président, qu'en 1999, à sa première campagne électorale, il a demandé à la population de l'aider à sauver l'Algérie en votant pour lui. «Aujourd'hui, toutes les réalisations enregistrées depuis votre élection sont menacées, à commencer par l'intégrité du pays alors que vous êtes toujours responsable devant la nation», a-t-elle rappelé au président de la République. Les événements de Ghardaïa étaient également au menu des dangers qui guettent notre pays. «Prendre les jeunes de la wilaya de Ghardaïa pour responsables de la situation critique que connaît la région, n'est vraiment pas une solution», a-t-elle encore jugé. «Ce n'est pas la solution sécuritaire qui réglera le problème. Il faut résoudre ce problème de ses racines», a-t-elle préconisé. Allusion faite à la visite du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, et le général-major de la Dgsn, Abdelghani Hamel, jeudi dernier dans la wilaya dans le but de mettre de l'ordre d'une façon définitive. Une visite qui s'est achevée par l'annonce par M. Belaïz de la création d'un centre opérationnel de sécurité à Ghardaïa, afin de rétablir l'ordre dans la ville. L'autre secteur qui n'a pas été épargné par les critiques de Mme Hanoune concerne celui de l'éducation. «Le ministre de l'Education nationale s'est comporté comme Rambo», a-t-elle déclaré, tout en poursuivant que «c'est inadmissible qu'un ministre, censé donner des garanties pour résoudre les problèmes des enseignants, use de menaces de révocation». A cet effet, elle a appelé le ministre à calmer les esprits, car la situation politique actuelle ne supportera pas plus de provocations. La conférencière a réagi face à la campagne pour la collecte des signatures au profit de Bouteflika menée par Amar Ghoul qu'elle a qualifiée d'«illégale». «Certains partisans du 4e mandat sont prêts à mettre le pays à feu et à sang pour préserver leurs privilèges et pour les élargir», a-t-elle dénoncé. Dans ce contexte, la conférencière a mis en garde le Président Bouteflika contre ces courtisans qui le soutiennent. «M.le Président, vos courtisans ne vous disent pas la vérité», a-t-elle prévenu. Pour ce qui est de la candidature ou non du Président à la prochaine élection présidentielle, Mme Hanoune a indiqué que ce dernier «a le droit de se présenter s'il le souhaite. Mais si son état de santé le lui permet, selon les conditions tracées par le Conseil constitutionnel», a-t-elle précisé. «En aucun cas, le pays ne serait être gouverné par procuration», a-t-elle ficelé son réquisitoire.