Les restes de citoyens sahraouis assassinés en 1976 Un juge espagnol élargit les poursuites contre des officiers supérieurs marocains pour des crimes commis au Sahara occidental. Le crime des huit Sahraouis exécutés par l'armée marocaine le 12 février 1976 ne restera pas impuni. De hauts responsables militaires marocains répondront de leurs actes. La justice espagnole est sur leurs traces. «Le juge de la haute cour en Espagne, Pablo Rafael Ruz Gutierrez, a fait part de son intention d'élargir les poursuites contre de hauts responsables militaires marocains impliqués dans la mort de citoyens sahraouis en 1976» rapporte une dépêche de l'agence de presse officielle sahraouie datée du 10 février 2014. La décision du juge espagnol a été motivée par les résultats de l'enquête démontrant la responsabilité de militaires marocains dans l'exécution de huit Sahraouis découverts l'année dernière dans des fosses communes mises à jour dans les territoires sahraouis libérés. Le magistrat auditionnera, le 12 février, Francisco Etxeberria et Carlos Martin Beristain, les deux scientifiques de l'Université du Pays Basque qui ont localisé les deux fosses communes au Sahara occidental d'où ont été extraits les corps de huit Sahraouis exécutés par l'armée marocaine le 12 février 1976, indique le document portant élargissement de ce type d'action dont l'agence de presse sahraouie affirme détenir une copie. De nombreuses organisations internationales des droits de l'homme avaient condamné ce «crime». Les corps des huit Sahraouis - dont deux enfants - disparus en 1976 qui ont été exhumés par une équipe d'experts médico-légaux espagnols pour procéder à des examens, dont des tests ADN, ont établi des preuves inédites de leur exécution extrajudiciaire par les forces armées, avait indiqué un rapport d'Amnesty International daté du 12 septembre 2013. Il accable à plus d'un titre le pouvoir marocain et exige une enquête. «Amnesty International demande que les éléments de preuve laissés par l'équipe de spécialistes espagnols soient préservés, qu'une enquête indépendante, impartiale et minutieuse soit menée sur la mort de ces huit Sahraouis, et que les responsables présumés soient traduits en justice», avaient souligné les rédacteurs du document. Le Groupe de travail des Nations unies (Gtda) sur la détention arbitraire, qui a séjourné du 9 au 18 décembre 2013 au Maroc et au Sahara occidental s'est, de son côté, montré très inquiet au sujet des aveux arrachés sous la torture aux Sahraouis par les enquêteurs marocains. «Le groupe de travail a été informé à travers ses entretiens avec des détenus que des aveux obtenus sous l'effet de la torture constituent dans la plupart des cas le fondement des condamnations», avait indiqué le Gtda, dont une délégation avait séjourné à El Ayoun (Sahara occidental) les 15 et 16 décembre de l'année dernière, lors d'une conférence de presse tenue à Rabat à l'issue de cette visite de dix jours. «Le gouvernement marocain continue de violer les droits... à la vie, à l'intégrité personnelle, à la liberté d'expression et de réunion ainsi qu'au droit à des procès équitables des Sahraouis», souligne RFK Center (Fondation Kennedy) dans un rapport publié le 13 septembre 2013 à Washington. La question de la violation des droits de l'homme poursuit le pouvoir marocain comme son ombre. Les rapports se suivent et se ressemblent pour attester que le Makhzen persiste et signe. La répression, la persécution, la violence contre les militants sahraouis font partie de son ADN.