Que faut-il pour apprendre à skier? Nous avons des sites magnifiques où il neige. Lalla Khadidja, Tikjda, Ras Timédouine, le massif de l'Akouker, Chréa,... Pourquoi les pouvoirs publics n'accordent aucune importance aux sports de montagne? Il y a des raisons... Sotchi vous connaissez? Bien sûr que tout le monde connaît cette ville russe où se déroulent actuellement les 22èmes Jeux olympiques d'hiver. Plus de 3000 sportifs de 90 pays participent à ces jeux. On les voit à la télé. Un spectacle somptueux a eu lieu pour l'inauguration. Depuis, chaque jour en zappant sur les chaînes étrangères on peut voir des séquences des compétitions qui s'y déroulent jusqu'au 23 février prochain. Ce qui fait mal au coeur, c'est de ne pas y voir un seul sportif algérien. Ce qui fait mal encore plus et à cause de cette absence, c'est de ne pas voir flotter le drapeau algérien aux côtés des 90 autres dont trois africains. Pourtant, il s'agit principalement de compétitions de ski. De luge. De patinage artistique. Laissons de côté les autres disciplines moins connues (bobsleigh, curling, skeleton, etc.), mais le ski, il est à notre portée. La luge aussi. Alors, pourquoi? Que faut-il pour apprendre à skier, à glisser sur des luges ou à danser sur la glace? Nous avons les faveurs de la nature. Nous ne sommes pas privés de neige. Nous avons des sites montagneux magnifiques. Lalla Khadidja, Tikjda, Ras Timédouine, le massif de l'Akouker, Chréa, Tizi N'Kouilal, le col de Tirourda, et des dizaines d'autres sites les uns plus beaux que les autres. La plupart culminent à plus de 2000 m. Il y neige. Des jeunes, garçons et filles, pleins de vie et de santé ne manquent pas chez nous. Ils sont même notre richesse. Alors, pourquoi le ski, seulement le ski, sans prétendre aux autres sports de montagne un peu plus compliqués, pourquoi nos jeunes ne savent pas skier? Ne savent même pas glisser en luge? C'est bon pour eux, pour leur santé. C'est bon pour le sport de compétition. C'est bon pour le pays tout entier que de participer aux compétitions internationales de sports d'hiver. De voir l'emblème national flotter dans des rencontres hyper médiatisées. Pourquoi? Pourquoi, depuis 50 ans nous n'avons pas une seule station de ski dans le pays? On entend d'ici l'argument du terrorisme dans les zones montagneuses. Sauf que cela ne date pas d'aujourd'hui. Ce ne sont pas les terroristes qui ont chassé nos skieurs de Tikjda ou de Chréa. Ces deux stations existaient dans une vie antérieure. D'ailleurs, elles sont aujourd'hui sécurisées. A Chréa, il y a même un téléphérique qui transporte les visiteurs à partir de Blida. Quand il fonctionne. Aux dernières nouvelles il est à l'arrêt. Pourquoi? Pourquoi les pouvoirs publics n'accordent pas d'importance au ski? S'il fait partie des sports d'hiver, il fait également partie des sports de montagne. Avec en sus les randonnées, l'alpinisme, etc. C'est tout à la fois du sport et du tourisme. Comme le balnéaire avec la natation. Encore heureux que nous ayons des nageurs. Des compétiteurs. Des champions même. Pourquoi pas la même chose pour le ski? Nous savons qu'une fédération des sports de montagne existe. Si elle n'apparaît pas trop, cela doit être très certainement dû à ses faibles moyens. Pourquoi? En creusant un peu, une des raisons se profile. C'est la relation assez particulière de l'Algérien avec la montagne. C'est une relation, on a envie de dire douloureuse. Pendant des siècles et, plus particulièrement depuis 1830, elle fut pour lui synonyme de précarité, de survie, de douleur, de froid, de faim. De quoi installer un profond traumatisme qui donne de l'image de montagne un sentiment négatif. Tout le contraire de la plage que l'Algérien n'a découvert qu'après l'indépendance. Après la renaissance. Ceci n'est valable que pour les personnes ayant vécu la période coloniale. Tous ceux qui sont nés après l'indépendance, c'est-à-dire les moins de 50 ans ne peuvent pas avoir cette image négative de la montagne. Mais quelles que soient les raisons, les solutions existent. Elles sont à chercher et à mettre en oeuvre par les pouvoirs publics et avec un peu de chance avec l'aide des associations. Rien ne s'oppose à une sérieuse réhabilitation des deux anciennes stations de ski qui peut commencer sans tarder. On y gagnera en lieux de détente pour l'hiver. On y gagnera en création d'emplois. Plus globalement, il s'agit d'investissements productifs que le privé ne laissera pas passer pour peu que l'activité renaisse. On peut pousser plus loin. Les images diffusées mardi soir par la télé et montrant l'épave de l'Hercule C-130 déchiqueté sur le mont Djebel Fertas parsemé de plaques de neige doivent attirer l'attention des responsables des secours en montagne. Si la neige avait été plus abondante, comment auraient fait les sauveteurs? Avec quel équipement? Avec quelle formation? Comment se déplacer sans ski, sans traîneaux, sans raquettes à neige, etc.? S'il fallait un autre motif pour relancer les sports de montagne, la tragédie du crash de l'avion militaire est malheureusement là pour démontrer l'utilité de cette disipline. Vous l'aurez compris, notre absence à Sotchi n'est pas liée à un caprice de société. D'ego à satisfaire. Même s'il a sa part. C'est beaucoup plus profond que cela. Les prochains JO d'hiver auront lieu en Corée du Sud en 2018. Quatre ans, c'est suffisant pour se préparer. Il faut travailler un peu. Et vouloir beaucoup! [email protected]