Le nouveau gouvernement a réuni, pour la première fois depuis trois ans, le camp de l'ex-Premier ministre Saâd Hariri et celui de son rival, le Hezbollah. Le Liban vient de se doter d'un gouvernement de compromis composé de 24 ministres et présidé par Tammam Salam, après près d'un an de blocage entre camps rivaux. «Après dix mois d'efforts, de patience (...), un gouvernement préservant l'intérêt national est né», a affirmé le nouveau Premier ministre Tammam Salam après l'annonce de la liste des ministres, ajoutant qu'il s'agissait d'un «gouvernement rassembleur et c'est la meilleure formule pour permettre au Liban de faire face aux défis». Le secrétaire général du Conseil des ministres, Souheil Bouji, avait annoncé auparavant un gouvernement de 24 ministres présidé par Tammam Salam, réunissant pour la première fois depuis trois ans le camp du Hezbollah (chiite) et le camp rival mené par l'ex-Premier ministre Saâd Hariri. La formation du gouvernement, longtemps attendue, avait été à plusieurs reprises avortée. Grâce à un compromis arraché après des mois de négociations ardues, le gouvernement de 24 ministres accorde huit portefeuilles au Hezbollah et ses alliés, dont celui des Affaires étrangères, huit à la coalition dite du «14-mars» de M.Hariri, dont celui l'Intérieur, et huit à des ministres proches du président Michel Sleimane, considéré comme neutre, et du leader druze Walid Joumblatt, considéré comme centriste. Un proche de M.Salam avait auparavant indiqué que «la majorité des obstacles ont été levés», en précisant que le Premier ministre désigné se rendait vendredi dernier au palais présidentiel pour soumettre «un projet de formation du gouvernement». La formation du gouvernement bloquait sur les portefeuilles sensibles des Affaires étrangères et de l'Intérieur mais aussi sur des ministères impliquant de gros contrats comme l'Energie et les Travaux. Mais au-delà des portefeuilles, c'est la division politique profonde qui entravait le processus. Le nouveau gouvernement a réuni pour la première fois depuis trois ans le camp de l'ex-Premier ministre Saâd Hariri et celui de son rival, le Hezbollah. Le 21 janvier, M.Hariri a affirmé qu'il était d'accord pour participer à un gouvernement comprenant des membres du Hezbollah, ce qui a constitué un revirement par rapport à ses précédentes déclarations hostiles à ce groupe. Exacerbé par le conflit en Syrie voisine qui divise profondément le pays, le Liban a été secoué par une série d'attentats ces derniers mois, en particulier dans les fiefs du Hezbollah. L'armée libanaise a annoncé avoir arrêté mercredi dernier un chef d'un groupe armé lié au réseau terroriste Al Qaîda qui avait revendiqué en novembre un double attentat à la bombe contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth. Ce groupe avait revendiqué le double attentat suicide ayant visé l'ambassade iranienne le 19 novembre, faisant 25 morts. En outre, l'armée a désamorcé des explosifs placés dans deux voitures piégées à Beyrouth et dans l'est du pays. Le premier véhicule, garé dans l'ouest de la capitale, contenait quelque 100 kg d'explosifs, une ceinture explosive ainsi que des obus de mortier. Une autre voiture piégée venant à Beyrouth «en provenance de Yabroud» a aussi été interceptée dans l'est du pays et les trois femmes qui se trouvaient à bord ont été arrêtées, selon l'armée. Yabroud est une ville syrienne située non loin de la frontière libanaise qui échappe au contrôle de l'armée. Au cours des derniers mois, une série d'attentats meurtriers ont secoué le Liban, visant tout particulièrement le Hezbollah. La plupart de ces attaques ont été revendiquées par des groupes liés à Al Qaîda dont les Brigades Abdallah Azzam.